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Sarinor

Dès l’instant où j’avais vu cette chose de fer dans le ciel, je n’avais cessé de l’observer. Pour percevoir le moindre mouvement de sa part. Elle se trouvait au-dessus de la forêt des Trikanas. Depuis la mer, je ne pouvais pas en être sûr. Mais mes connaissances des mers et des terres ne me laissaient que peu de doutes sur cette localisation. Fort heureusement pour moi, j’allais bientôt pouvoir être auprès de Sarina pour discuter de ce problème qui venait d’apparaitre au-dessus de nos têtes. Mes hommes s’activant sur le pont à l’approche du port. Tout le monde était sur le qui-vive et pressé de retrouver ma sœur, je n’avais pour une fois, pas laissé la barre à Aurora. Mon âme était divisée en deux parties depuis le jour où Sarina était devenue la gouverneure de Menethil. Et à cet instant présent, s’était cet homme dévoué à son clan, mais aussi le bras droit de la gouverneure de la ville qui avait pris le dessus. Et dans mon fort intérieur, j’avais le sentiment que s’était l’une de mes dernières longues virées en mer. Que cette tâche noire dans le ciel allait me laisser à quai jusqu’aux ordres de ma sœur si tel était son désir.

« La bateau est amarré Capt’aine. » L’homme se tenait droit comme un i devant moi en me disant cela. Je hochais la tête. « Repos pour tout l’monde, j’veux deux hommes en permanence sur l’navire pour l’surveiller, j’me rend à Menethil pour rencontrer la gouverneure. Profiter d’votre repos, nous n’savons pas de quoi sera fait d’main alors tenez-vous prêts ! » Avais-je dit d’une voix puissante à mes hommes qui s’étaient tous stopper pour m’écouter. Ils avaient tous hoché la tête d’un même mouvement et j’avais quitté la barre pour venir à la rencontre d’Aurora qui s’activait comme les autres. « Arrange-toi pour qu’le navire ne soit jamais sans surveillance ! J’reviens dès que j’en sais plus. Profite quand même d’ton temps à terre. » Je place ma main sur son épaule, l’un des rares signe d’affection dont je suis capable de prodiguer. Je descends alors de mon bateau, ouvrant bien mes yeux pour ne pas trébucher sur quelque chose à cause du manque de lumière de ce début de soirée. Je relève le col de mon manteau, mon regard qui s’attarde sur trois silhouettes qui attendent de l’autre côté du ponton. La pénombre du début de nuit et l’éloignement me permet un sourire à la reconnaissance de celles-ci. J’aime se sentiment que cela me procure. De savoir que ma famille m’attend là sur le quai. Cela me rend presque nostalgique de ne pas encore avoir pris de femme et de ne pas avoir d’enfant. C’est toucher du doigt l’effet que cela fait d’être attendu à la maison. Du moins, la seconde maison ! La plus petite des silhouettes cours jusqu’à moi et s’arrête juste devant moi en levant la tête. Je regarde mon neveu, lui retirant sa capuche a l’aide de deux doigts en la poussant en arrière. « T’as encore grandi garçon ! » Dis-je simplement, enroulant autour de sa tête ma main qui semble énorme comparé à cette dernière et je l’attire contre moi pour le serrer dans mes bras en me penchant un peu vers Aegir.

L’instant est cours, mais suffisant. Nous nous avançons à présent côte à côte pour finir la distance qui nous séparait de la mère et sa fille. Je baisse mon regard sur la plus jeune des deux. Je porte mes doigts jusqu’à son menton pour lui faire relever la tête, sa capuche qui tombe en arrière sous le mouvement. Et je tourne son visage, doucement, pour observer ses traits. « Tu deviens aussi belle qu’ta mère Kolga. » Je ne la vois pas, mais je sais que la fillette rougit, j’attrape sa main et me penche pour baiser le dessus de celle-ci avant de me redresser et de me tourner vers ma sœur. Je peine à voir son visage sous cette capuche, mais je vois des mèches blondes qui s’en échappent. « J’t’ai manqué à c’point donc, qu’t’es v’nu m’cueillir au port directement p’tite sœur ? »  Elle avait beau être plus âgée que moi, elle était et resterait à jamais ma petite sœur. Même si notre sang n’avait rien en commun. Ce qui nous unissait n’avait pas besoin de lien du sang pour exister. Je lui ouvrais un bras pour l’inviter à venir s’y loger. Sarina étant la seule femme dans ce bas monde à bénéficier d’une tendresse toute particulière de ma part. -les pervers j’vous arrête tout de suite c’est juste fraternel-

Let's be three sheets to the wind

« Des menaces en l'air, on l'sait tous les deux. »  Nouveau sourire qui n’y ressemble pas de ma part. Elle est pleine de confiance, cela ne fait aucun doute ! Heureusement pour elle d’ailleurs. Sinon dans ce monde au milieu de tous ces hommes. Elle se serait fait bouffer depuis longtemps déjà. « Serait-ce un nouveau défi ? » Le sourire qui étire ses lèvres a le don de réchauffer mon cœur. Est-ce que j’aimerais un nouveau défi face à Shorka ? Sans nul doute ! Mais pas ici, pas maintenant. J’ai à faire avant cela, bien que ce soit une chose que je garde dans un coin de ma tête pour plus tard. A voir combien de temps je vais devoir rester à quai, mais elle aussi. Je me tourne totalement vers elle, croisant les bras sur ma poitrine. Mon regard bleu qui se fixe dans le sien, dérivant de temps en temps sur quelques mèches de ses cheveux qui s’élèvent au grès du vent qui souffle sur le port.

Elle aussi a donc eu des dégâts sur son navire. Seulement ce n’est pas dû à une erreur. Ou un coup de malchance, encore un mystère que je vais devoir éclaircir. Je m’avance vers elle de quelques pas. J’essaie de chercher dans ma mémoire depuis combien de temps nous n’avons pas parlé Shorka et moi. « T’étais d’quel côté ? Là d’où j’viens s’est calme d’puis des jours. » C’était bon à savoir, car en fonction du vent Menethil serait peut-être sous la pluie d’ici peu de temps. Je place mes mains sur mes hanches regardant le ciel derrière la blonde, ciel qui est parfaitement bleu, mais pour combien de temps ? Lorsque je perçois un mouvement de sa part je baisse le regard sur elle. Elle se penche par-dessus le bastingage comme je l’avais fait un peu plus tôt. L’idée de lui faire une mauvaise blague me traverse la caboche, mais s’enfuis aussi vite qu’elle est venue lorsqu’elle me demande ce que j’ai eu. « On a frotter contre quelque chose en mer. Mon Orcëtii m’dit qu’il n’y avait pas d’bestiole et Aurora qui t’nait la barre à s’moment-là m’dit qu’elle a rien vu non plus. Pourtant, on a quand même frôlé d’trop près un truc qui a abimé la coque. » Je n’émettais aucun jugement à voix haute, Shorka n’avait pas besoin d’avoir vue sur les doutes qui étaient nés en moi suite à cet incident. Et ceux-ci n'allait pas vers ma protégée.

Je croise mes bras sur ma poitrine tout en regardant le dos de la petite femme, bien qu’uniquement par sa taille. Je plisse les yeux sous l’effet du soleil, maintenant que je suis face à lui. Mes rétines bleues qui supportent difficilement ses éclats ainsi porté sur eux. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle n’a pas perdu cette impatience que je lui avais connue plus jeune. « J’dois passer récupérer des choses dans ma cabine pour le gouverneur. A toi d’voir s’tu m’accompagne ou si tu pars devant ? » Dis-je en me décalant et l’invitant d’un signe de main à prendre la direction de ma cabine. Bien que je repassais rapidement devant elle. Montant les quelques marches qui menaient à mes appartements de capitaine. Entrant le premier, je m’avance en deux grande enjambée jusqu’au bureau qui se trouve quasiment au centre, le rangeant du merdier que j’y ai laissé ne pensant pas vraiment recevoir quelqu’un aujourd’hui, ni même un au jour. Il était rare que quelqu’un d’autre qu’Aurora où l’un de mes hommes franchisse cette porte. « Comment comptes-tu occuper ton temps en ville pour les jours à venir ? » J’étais curieux de savoir comment une femme comme elle, allait bien pouvoir tuer le temps sur la terre ferme. Tout en lui posant la question je réunissais quelques papiers, les lisant rapidement d’un coup d’œil.

LES ENVAHISSEURS

J’avais été le premier des clans à ouvrir la bouche. Imposant le silence à tout le monde par la même occasion. Le chef Trikana prenant la parole aussitôt après moi. Ses formules de politesses étant suivies par ce qui m’intéressait réellement. Des informations sur l’oiseau de fer prônant au-dessus de nos têtes. Il invitait l’un des siens à s’avancer pour parler. Un léger rictus, l’ombre d’un sourire plus exactement était né sur la commissure gauche de mes lèvres. Devais-je être étonné de le voir aussi impliqué dans la vie et la défense de son clan ? Pas vraiment en réalité. Il dégageait cette chose qui me poussait au respect. C’était palpable, qu’il était là pour servir son peuple. C’était surement un homme loyal. Mes iris bleus sondent le jeune Trikana pendant qu’il parle. Mains sur les hanches je reste silencieux, ne prêtent pas attention aux bruits et exclamations émises par nos peuples mélangé autour de nous. J’aime énormément l’idée que leur Dieu ait déjà envoyé ses énormes monstres pleins de dents acérer sur l’oiseau qui contient, visiblement des hommes. Les questions qui se posent à moi sont : combien sont-ils ?  Et pourquoi sont-ils là ? Un mouvement près de moi me fait tourner la tête sur cette petite tête blonde que je ne connais que trop bien. J’aurais pu lever le bras, contrer son intention de parler. Mais je n’en fais rien. Elle a le droit d’exprimer ses craintes, ses peurs, bien qu’en l’occurrence quand il est question de Shorka c’est surtout l’appel de l’aventure et du fer qui l’anime. Elle ne fait qu’exprimer ce que je pense tout bas. Je la reconnais bien là. C’est une femme d’action qui ne perd pas de temps et tergiversation. Pourtant il nous faut être prudent. Une nouvelle voix s’éleva et je tournais les yeux sur cette petite femme qui s’était avancé près de Killian. Même si je restais muet, son discours me donnait envie de rire. Ou de vomir au choix… Dans quel monde pouvait-elle bien vivre pour vouloir laisser notre terre à des envahisseurs ? La paix étaient déjà difficile à maintenir, alors devoir laisser une nouvelle parcelle à un peuple dont on ignore tout. Dans mon esprit c’était tout bonnement impossible, impensable… Aurora s’avança à son tour pour prendre la parole, je baissais le visage sur elle quelques instants avant de regarder à nouveau la jeune femme. Jugeant des réactions que les traits de son visage affichaient.  Je n’avais même pas besoin d’ouvrir la bouche. Je connaissais les femmes qui prenaient la parole autour de moi et j’étais en accord total avec elles. Je n’avais rien à y ajouter. Peut-être aurais-je dû les tempérer un peu, les retenir, mais je n’en faisais rien.

Mes yeux passaient sur l’homme à côté d’elle en la personne de Killian qui reprit la parole en réponse à ma protégée. « Voilà des paroles justes. » Avais-je dit juste à la fin du discours de Killian. Je baissais le regard sur Aurora, puis vers Shorka. « Je partage votre avis sur ce qui est de l’avenir de ce peuple venu d’on n’sait où. Mais nous n’pouvons pas agir sans y avoir réfléchit avant. L’impulsion mène souvent à un désastre et nous n’pouvons pas nous permettre, que ce soit pour le clan des eaux ou les autres. D’entrer dans une bataille sans en avoir mesuré les conséquences à l’avance ! » La voix d’une femme raisonne encore entre les murs des grottes dans lesquelles nous sommes. Décidément, il n’y a que des femmes pour parler ici ? Où sont donc les hommes ? Loin de moi l’idée d’être macho, les gens qui me connaissaient savent que je ne suis pas ce type d’homme. A laissé les paroles d’une femme se perdre uniquement parce qu’elle est une femme. Mais j’aimerais que les chefs des autres clans interviennent à leur tour. Ce que dit celle-ci retient tout particulièrement mon attention. Des armes perfectionnées ? Elle confirme mon besoin constant de réfléchir avant d’agir. J’aurais presque pu dire que je l’aimais bien cette petite, jusqu’au moment où elle avait parlé d’aller leur parler. Pour leur dire quoi exactement ? ‘Oui bonjour nouveau peuple venu du ciel, pouvez-vous repartir s’il vous plait ?’ Ils n’étaient pas ici pour rien. Un peuple ne venait jamais sur les terres d’un autre sans aucun but ! J’allais parler lorsqu’une présence s’était faite à côté de moi. Je percutais le visage de Sarina de mes pupilles baissaient sur elle et me penchais légèrement lorsqu’elle engageait de planter un baiser sur ma joue. La commissure de mes lèvres se tirait dans un léger sourire qu’elle seule pouvait percevoir. « Pas trop le mal de mer Gouverneur ? » Je la taquinais. Bien que le son de ma voix était suffisamment bas pour que cela lui soit plutôt intimé. Mais les gens les plus proches de nous l’avaient surement entendu. D’un pas sur le côté, je la laissais passer devant moi pour prendre cette place que j’avais tenu pour elle, maintenant qu’elle était présente je reprenais ma place de second. J’allais lui répondre sur la situation de la réunion lorsque le chef Trikanna prit à nouveau la parole. Savoir qu’un Tyrannosaure marchait sur eux me réjouissais. Je jubilais intérieurement même si je sentais cette soif en moi, grandir à force de parler et surtout de penser à une prochaine bataille. La guerre n’était jamais drôle, mais cela me manquais.

Les avis des uns et des autres revenaient. Je regardais cette Orcitàn qui semblait vouloir utiliser le Tyrannosaure pour faire le sale boulot. Je fronçais les sourcils à cette idée qui n’était pas du tout fidèle à mon état d’esprit. Même si réduire le nombre avant de passer à l’action aller surement facilité la tâche. « Ce Tyrannosaure n’est pas notre priorité ici. » Avais-je dit en regardant la rousse qui avait parlé derrière les autres. Avant de me tourner vers celle près de Killian. « Parc’que tu penses qu’un peuple qui vient sur les terres d’un autre avec des armes ‘perfectionnés’ est là uniquement pour v’nir nous saluer et découvrir la faune local ? » Avais-je demandé en m’adressant pour la première fois à cette jeune femme. Elle semblait bien trop naïve et innocente pour ce genre de choses… Je me penchais vers Sarina pour chuchoter à son oreille. « Nous n’pouvons agir sans y réfléchir, mais il est hors d’question de faire entrer un nouveau peuple dans notre traité de paix. Nous ne connaissons rien d’eux et même si leurs intentions sont amicales rien ne nous diras qu’ils ne mentent pas. »