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La guerre, voilà ce qui semblait dans les esprits de tous. Enfys était restée près de Kilian, se sachant protégé par le guerrier. Elle aurait certainement menti en disant que l’intervention de l’Orcitàne ne l’avait pas effrayée. Mais fidèle à son caractère, elle gardait la tête haute. L’apprentie guérisseuse ne lâcherait rien, elle ne démordrait pas de ses positions et ne laisserait certainement jamais personne utiliser sa bête pour des buts aussi vils. Les créatures volantes n’étaient en rien des outils de guerre que l’on pouvait sacrifier pour ses propres intérêts, et le premier à s’approcher des lézards volants aurait à faire à Enfys. Brënna ne tarda pas à s’approcher confirmant les dires de Killian. Il était évident que certains des Kavalii étaient partis en reconnaissance. Enfys fut soulagée de la position de Brë, tout en étant horrifiée par ses dires. Si ils avaient bien les armes que la chasseuse décrivaient, alors les clans les élimineraient. Certainement.
Elle allait s’apprêter à se porter volontaire pour partir en reconnaissance avec la chasseuse, mais n’eut pas le temps. Déjà, la conversation reprenait.

Enfys eut la surprise d’observer Yhùan s’avancer à son tour, exposant son avis réfléchis. Pacifiste. Un avis qui faisait dire à la jeune guérisseuse qu’elle pouvait faire confiance à cet homme. Un homme qu’elle avait déjà eu l’opportunité de rencontrer quelque fois, qu'elle respectait pour son savoir. Elle hocha la tête, acquiesçant chacune de ses paroles. Bien sûr, si ces gens tombés des cieux voulaient détruire leur monde, alors Enfys se battrait, elle aussi. Mais tant que cela n’était pas sûr, elle ne les laisserait pas mourir.

Lorsqu’ Emyrin prit la parole, Enfys sentit son coeur se serrer. C’était  bien sur ses terres qu’était la menace après tout. Sa parole avait un poids bien plus fort que tous les arguments des pacifistes réunis dans cette grotte.
« C'est pourquoi, en ce moment même, un Tyrannosaure se dirige vers eux. Autant attiré par la curiosité que par la faim, il saura sans aucun doute nous fournir les réponses dont nous avons besoin concernant leur nombre et leurs moyens de riposte, tout en limitant nos pertes. Un accueil des plus agréable les attend...»

Enfys hoqueta, choquée de la violence de cette annonce. Un Tyrannosaure !? Ils étaient finis. Ces étrangers allaient terminer en goûter pour Raptor. La jeune guérisseuse serra les poings. Elle ne devait rien dire, le chef des Trikana aurait pu la tuer d’un simple mouvement de doigt.
Killian lui, semblait presque ravi de cette annonce. Alors qu’il lui donnait un petit coup de coude pour attirer son attention, Enfys croisa les bras, le fusillant du regard. « J’aurais trop voulu voir cet accueil de plus près…On aurait été à dos de ton lézard volant… mais pas sûr qu’on puisse sortir inaperçu par contre, dommage ! »
« Oh, oui c’est vrai ! Quel spectacle divertissant que de voir des Hommes se faire démembrer… Ou avais-je la tête ? » Lui répondit-elle d’un ton condescendant. «  Parfois je me demande si vous autres les Trikana avez réellement qu’une once de sentiment sous vos armures. » Finit-elle
Enfys écouta ensuite l'Orcitàne qui pris la parole, d'un air mal assuré. Enfys soupira, se retenant de grogner. En plus, ils voulaient utiliser des Raptors pour faire le sale boulot. Tu parles d'un courage. Elle secoua la tête, ulcérée par cette idée, avant de s’avancer plus près des chefs guerriers et détailler l’audience d’un regard déterminé.

« Je pense que le Guérisseur Yhùan a raison. Nous pouvons laisser ces gens mourir, mais nous ne sauront rien de leurs intentions. Peut-être seront nous débarrassé d’une menace, mais peut-être seront nous simplement des meurtriers. Épargnons ces gens. Comprenons ce qu’ils nous veulent. Et s'ils sont réellement une menace, alors joignons nos forces pour les éliminer. » Bien sûr, Enfys avait pertinemment conscience qu’elle n’était rien. Son poids dans la guerre ne valait rien. Mais elle s’était sentie obligée de rappeler son allégeance, envers les terres, envers la nature et l’équilibre des choses.
La guérisseuse retourna auprès de Killian, lui attrapant le coude, et se mis sur la pointe des pieds pour lui chuchoter à l’oreille. «  Quoiqu’il arrive, Killian, je ne laisserai pas ces gens mourir pendant que nous parlons. Aide moi si tu veux, ou reste avec ton clan. C’est ton choix. » Elle fixa alors le guerrier d’un regard implacable. Elle n’y arriverait jamais toute seule. Elle allait se faire bouffer. Ou buter par un des membres des quatre clans…

Enfys arpentait la forêt depuis un petit moment déjà, toujours à la recherche d’une Fleur-de-sang. La plante n’était pas rare, mais compliquée à trouver, d’autant plus qu’elle poussait le plus généralement sur le territoire de certains animaux carnassiers pas très commode. Le type d’animaux qui vous arrache un bras en guise de salut, un peu comme les Orcitàn en fait...
L’apprentie guérisseuse n’avait pas jugée bon de prendre une arme pour partir à la cueillette : À la fois parce qu’elle ne possédait qu’une dague rouillée qui ne coupait plus rien du tout, mais aussi parce que Brënnà la couvrait, perchée là-haut sur le dos de son lézard. La mère d’Enfys l’avait tannée de ne pas partir seule en forêt, surtout pour aller sur un territoire aussi dangereux, et finalement, excédée par les cris de sa mère, la jeune fille était allée voir Brënnà pour lui demander de l’accompagner. Ce n’était pas la première fois que la chasseuse lui sauvait la mise ; elle lui avait déjà par le passé apporté de quoi manger lors des mois les plus difficiles, épargnant bien des souffrances à la famille d’Enfys. Pour toutes ces petites attentions, Enfys vouait un grand respect à Brënnà, elle n’avait certes pas les moyens de la payer, mais s’était jurée de toujours l’aider si elle en avait besoin !

C’est donc se sachant protégée qu’Enfys avançait dans les bois presque.. Silencieux ? Depuis la chute de l’oiseau de métal, il est vrai que la nature elle-même semblait avoir pris peur, l’air des forêts paraissait mort, chargé d’une tension. Là où insectes et autres petits animaux auraient dû animer l’ambiance de la forêt, il n’y avait qu’un épais silence… Enfys sentit son cœur se serrer à cette pensée. Ce n’était pas là quelque chose de normal.
Passant par-dessus un tronc couché, la jeune guérisseuse finit par repérer du coin de l’œil des tâches écarlate parmi les fougères : Des fleurs-de-sang, nommée ainsi en référence à leur couleur cramoisie, qui rappelait le sang frais. Ces plantes étaient très utiles, puisqu’en récoltant les graines qui se trouvaient près de leur cœur, l’on pouvait en faire des décoctions visant à réduire les douleurs et fièvres. Mais si la préparation était mal dosée, alors c’était un aller simple pour le pays des rêves. Ces petites graines étaient, en effet, réputées pour être un somnifère très puissant.
Enfys s’agenouilla, et sortant une petite fiole de sa besace en cuir, commença à récolter les dîtes graines, précautionneusement. Elle était depuis un petit moment plongée dans son travail, lorsqu’une voix la fit sursauter :

-Madame

Se retournant brusquement, Enfys ne manqua pas de faire tomber sa fiole et ses graines, qui se rependirent dans la terre. Perdues. Elle se retourna vers l’homme, détaillant sa tenue rapidement. Un natif ? Certainement un Trikana… Mais sans armes, avec des cheveux aussi courts ? Peut-importe ! Cet homme venait de gâcher une bonne demi-heure de travail, d’autant plus que ces fleurs étaient difficile à trouver !

“ Vous auriez pu faire attention ! J’étais en train de travailler, je dois recommencer toute la récolte maintenant ! ” Lui assena t-elle, les poings sur les hanches. “ Au nom des Dieux, vous autre, du clan des forêts ne faites jamais attention à rien ! “ Elle croisa les bras, songeant que Killian aurait sûrement tiquer si elle lui avait dit cette phrase, mais qu’importe. Elle fixa encore une fois l’homme… Il était étrange, c’est le moins qu’on puisse dire. Il ne portait pas l’attirail des Trikana, le même qu’elle avait déjà vu Killian et ses amis porter. Il n'avait pas non plus la stature des guerriers des forêts. Enfys fronça les sourcils, en remarquant qu’il se tenait non loin d’un champignon pas très sympathique fixé à mi-hauteur d’un arbre. Elle soupira.
“Je m’écarterais de cet arbre si j’étais vous.. Si vous vous appuyez sur la cime, le champignon qui est dessus vous aspergera d’une poudre hallucinogène. Ce n’est pas une expérience que tout le monde apprécie. “ Le prévint-elle, tout en soupirant. “ Je suis Enfys, apprentie Guérisseuse du clan des Kavalii. Et vous ?”
Elle n’eut pas le temps d’écouter la réponse que des battements d’ailes se firent entendre non loin, Brënnà avait dû entendre ses vociférations, et il ne faisait aucun doute qu’elle ne tarderait pas à arriver.