INTRIGUE 1 - LES ENVAHISSEURSEymrin, le chef des Trikana prenait finalement la parole, et je l'écoutais avec attention. Après tout, il y avait un certain respect naturel pour ce qui avait de l'autorité. Je me ravissais qu'il se montre réfléchi dans sa décision et qu'il écoute le problème que je soulevais. Nous ne connaissions rien après tout de cette arrivée mais comme tout homme doté d'un certain recul, je laissais le soin à ceux naît pour la guerre de revendiquer leurs points de vues. Je n'avais nul pouvoir décisionnaire et je ne faisais émettre qu'un point de vue purement stratégique. De plus, la vie m'avait enseigné qu'on attrapait bien plus les mouches avec du miel que de la confiture. Evidemment comme tout le monde, cet évènement m'inquiètait et je savais que le mal pouvait s'enraciner facilement dans le coeur des hommes. Je n'avais pas la naïveté de croire qu'ils n'étaient là que dans des intentions pacifiques, je préfèrais néanmoins savoir à quoi m'attendre plutôt que de foncer tête baissé dans la gueule du raptor.
Et en parlant de dinosaure, le chef Trikana nous annonçait que ses nouveaux arrivants allait avoir la visite d'un tyrannosaure. Je me laissais perdre dans mes pensées, j'étais de ce qui pensait qu'il fallait respecter les lois de la nature, et peut être que c'était la façon dont avait notre planète de se venger de l'affront subi que de leur envoyer cette créature, mais nous ignorions si ils étaient de taille ou non, à l'affronter. C'était certain les carnivores étaient dangereux, mais une fois de plus nous avançions à l'aveuglette en ce qui concernait leurs compétences. Une fois l'intervention d'Eymrin fini, les voix s'élevaient de nouveau, un jeune Trikana qui s'était exprimé auparavant, et qui semblait intéressé par l'accueil. Et je pouvais comprendre sa volonté, quoi de mieux pour jauger à qui ont avait à faire, enfin j'espérais qu'il ne s'agisse de cela et non du plaisir des guerriers à voir le sang coulait. Je notais la présence de la jeune Enfys à ses côtés, et était un peu étonné de la voir ici, mais je ne pouvais empêcher un sourire dans sa direction. La jeune femme était sur le chemin de devenir une guérisseuse, je pense qu'elle partageait probablement mes opinions plus nuancées. Une jeune Orcitan a en jugeait pas sa tenue, prenait la parole à son tour m'arrachant un sourcil arqué dans sa direction. Elle avait la fougue de la jeunesse, mais je ne pouvais approuver ce discours et secouait la tête d'un air légèrement dépité. Elle faisait parti d'un peuple au sang chaud, et d'ailleurs c'était eux qui étaient sur le pied de la guerre. Au vue de cela, même si je n'approuvais pas son plan, je comprenais d'où venait sa logique.
Ce fut au tour d'Enfys de prendre la parole, et je ne pouvais m'empêcher un léger mouvement de tête dans sa direction alors qu'elle me citait. Et n'était pas vraiment étonné de la voir partager une partie de mes opinions, nous n'étions pas programmé pour vouloir la guerre à tout prix. Je me demandais comment la mémoire collective de cette foule pouvait oublier toute la souffrance que les guerres entre nos différents clans avaient fait naître auparavant. J'étais presque fière de la voir s'exprimer alors que je me souvenais de la jeune femme encore bien discrète les quelques fois où je l'avais vu auparavant. Finalement un autre Orcitàn prenait la parole, et il semblait un peu plus réfléchi que ses compatriotes. Ou tout du moins en partie, on pouvait devinait qu'il ne serrait pas le dernier à monter au champ de bataille si la situation l'exigeait. Et mon point était rapidement prouvé alors qu'il donnait son opinion peut clémente de ce peuple arrivant. Je ne pouvais m'empêcher de rouler des yeux, et je me demandais comment les tension s'évacuerait tellement elles étaient palpables dans l'air ambient. Ils nous fallait parvenir à un accord c'était certain sinon la fragile paix qui maintenait l'équilibre finirait par se briser à son tour.
Je laissais mon regard glissait sur la foule avant de reprendre à mon tour la parole. - Nous sommes d'accord que nous ne savons pas à qui nous avons à faire. Et qu'il faut se montrer prudent. Je croisais les bras sur mon torse, et laissait s'envoler une profonde inspiration. - Les craintes de chacun ainsi que leurs opinions sont valables, mais soyons réalistes, nous parvenons déjà qu'avec difficulté à maintenir l'équilibre nécessaire pour maintenir la paix entre nos clans. Et puis, même si ils ont l'intentions de voler nos terres, ne pas attaquer de front ne signifie pas ne pas se montrer prudent. Qui plus est, les Kàvalli comme les Rajàhor le savent, pour dresser un animal, il ne faut pas faire preuve de violence mais acquérir sa confiance. Il n'y a que de cette manière qu'il ne se retournera pas contre nous. Si vraiment ils sont un danger, leur laisser penser qu'ils ont l'avantage, nous en donnera un inconstastablement. 2981 12289 0
Never thought that I was weak, always thought I could get hurt pretty bad ; still get up on my own two feet. I always believed that I was free, that I had some sense of integrity that would rise above whatever tried to change me.
Dorran n'avait pas demander à se retrouver ici, au beau milieu de cette caverne, entouré d'inconnus. Il ne s'y sentait pas à sa place, parmi les délégations des différents clans de leur monde. S'il avait pris part au voyage, c'était uniquement parce que le vieux marchand de poisons lui avait demandé, comme une preuve de son engagement envers le clan Rajàhor, d'accompagner celle qui s'était portée volontaire et qui allait bientôt devenir sa femme. Il ne savait pas pourquoi elle s'était proposée pour intégrer la délégation, d'ailleurs, sans doute par curiosité... Et voilà qu'elle commençait déjà à l'entraîner dans ses lubies ! Heureusement, le clan du désert pouvait compter sur d'autres représentants pour mener à bien cette réunion car, s'il s'agissait de s'en remettre totalement à Esrä, la prochaine guerre serait déclarée. En outre, la jeune femme semblait s'ennuyer royalement dans cette assemblée, à croire que les discussions politiques ne se révélaient pas aussi divertissantes qu'elle l'aurait cru.
En ce qui concernait l'homme à tout faire, la chose était simple : il ne parvenait pas à se concentrer sur la conversation. La cause ? En dehors du fait qu'il ne se sentait absolument pas légitime pour parler au nom du clan Rajàhor, il reconnaissait dans la foule certains visages qui le troublaient. Certains de ces faciès, il les avait croisés sur les différentes places de marché des différents clans, au cours des sept dernières années, d'autres encore avant, quand la guerre faisait rage, quant à certains... Ils émergeaient tout droit d'un passé qui lui paraissait si lointain, un temps où il naviguait sur les eaux impitoyables de la planète et se revendiquait du clan Orcitàn. C'était pourquoi Dorran demeurait en retrait, il n'avait pas envie d'être reconnu. A vrai dire, il ne savait même pas si les personnes appartenant à son passé se souvenaient seulement de lui, ni même si le fait de le revoir provoquerait une quelconque réaction de leur part, mais il était certain d'une chose : ce n'était ni le lieu ni le moment pour le vérifier.
La plupart des personnes présentes pour ce conseil restreint s'exprimaient à tour de rôle quant à la meilleure manière d'aborder les nouveaux venus : fallait-il les attaquer ? Tenter de les comprendre ? Dorran trouvaient que ceux qui partageaient ce dernier avis étaient bien naïfs. A en croire les éclaireurs des différentes tribus, les étrangers étaient munis d'armes et de savoir-faire dont ils ignoraient tout sur cette planète. Qu'est-ce qui pouvait bien les avoir mené jusqu'à leur planète avec autant de moyens d'anéantissement si ce n'était pour conquérir les lieux ? Il ne fallait pas être simple d'esprit pour voir que leurs intensions n'étaient pas si paisibles que certains le pensaient... Et, bien sûr, dans le lot des utopistes prudents, se trouvait le premier représentant du clan Rajàhor qui se mêla aux discussions. Yhùan, le plus célèbre guérisseur de sa génération, prônait la prudence. Est-ce que cela surprenait Dorran ? Non, pas vraiment.
En revanche, ce qui le surprit réellement, ce fut le discours du chef de clan Trikana. Un tyrannosaure ? Est-ce que tout le monde dans cette grotte devenait fou ? « Comment sont-ils parvenus à envoyer un foutu carnivore sur les envahisseurs ? » marmonna-t-il tout bas, s'interrogeant en aparté. Il n'avait pas parlé assez fort pour que les principaux contributeurs du débat puissent l'entendre, mais il n'en allait pas forcément de même pour ses voisins les plus proches... Malheureusement ! Il s'attira ainsi quelques regards noirs de la part de personnes qui n'approuvaient pas ses sarcasmes. Dorran se fichait bien de leurs jugements, cela dit. Il avai l'impression d'être la seule personne ici qui voyait à quel point la situation était absurde. Et dangereuse. Mais, encore une fois, qui était-il pour avoir le droit d'exposer son point de vue ? Ni un Orcitàn, ni un Rajàhor. Les envahisseurs n'apportaient certainement que la guerre et la destruction et il était certain que, plus vite ils se débarrassaient d'eux, plus vite le cours normal de leurs vies pourrait reprendre.
Si ce que tu as à dire n'est pas plus beau que le silence, alors tais-toi.
Ils l'avaient vu...ils l'avaient suivi du regard, cet oiseau de fer tombé du ciel ! Ébahis par ce spectacle, au milieu du désert où nulle végétation ne pouvait le cacher de leurs yeux, le peuple Rajàhor frémit. Au loin, le son du cor se fit entendre et le calme oasis d'Osadii se transforma en un immense brouhaha. Les voix s’élevaient. La peur, la colère et l'incompréhension circulaient à travers les dédales de la cité des nomades. Esrä n'avait pas perdu une miette de la scène, lorsque perchée sur les remparts elle s'était allée à paresser au soleil. Le satellite brillant était tombé comme une flèche au loin dans le nord, elle l'avait vu ! Elle le répéta. Plusieurs fois. Elle le répéta à tous ceux dont elle croisait le chemin et qui lui répétait la même chose. Ainsi, rapidement, les habitants se rassemblèrent sur la place centrale et les théories les plus folles se propagèrent dans l'attente d'autres informations plus officielles.
Le crépuscule apporta avec lui la venue de messagers des villages éloignés. Dans la nuit, Soka, le chef des Rajàhoriens convoqua un conseil extraordinaire, priant aux représentants de chaque famille de venir y assister. Le père d'Esrä ne mit pas longtemps à la convaincre de l'accompagner, pour une fois qu'il se passait quelque chose sortant de l'ordinaire ici bas, la belle ne voulait surtout pas en être écartée, sous aucun prétexte. D’après les missives, l'oiseau de fer planait au dessus du territoire du clan Trikana non loin de leurs habitats. Des gens l'avaient décrit comme une sort de vaisseau qui contenait quelque chose en son sein. Face à ces nouvelles informations, les discours reprirent de plus belle, seule l'intervention de Soka mit fin aux émois de chacun. La situation était grave. Il expliqua que les quatre chefs de clan devaient se retrouver aux grottes de Calcità, à plusieurs jours de marche, et qu'il allait avoir besoin de volontaires pour l'accompagner dés cette nuit jusqu'au point de rendez-vous où tout se déciderait.
Guidée par l'excitation ou la stupidité, Esrä se porta immédiatement volontaire pour ce périple devant les yeux médusés de son paternel. La jeune femme n'avait pas trouvé meilleur moyen pour repousser un peu plus l'échéance de son futur mariage et puis, pas besoin de s'inquiéter pour si peu, qui sait, un banquet les attendrait peut-être en arrivant aux grottes, ils n'allaient pas vraiment risquer leurs vies...n'est-ce pas ?!
Mourir d’ennuis...c'était sans doute le seul danger qui menaçait Esrä à cet instant. Si à l'arrivé du clan Rajàhor aux grottes de Calcità l'émotion était palpable, elle perdit très vite en intensité dés que les membres des quatre clans commencèrent à s'exprimer. Au milieu des siens, emmitouflée dans ses étoffes colorées, la vipère des sables avait décroché après le discours du jeune Trikana qui avait décris leurs visiteurs. Des hommes en costume blanc avec un casque rond...c'était d'un ridicule ! Où étaient leurs peaux dorées, les bijoux, les lances incrustées de pierres précieuses qu'elle s'était imaginée ? Ils venaient du ciel mais n'étaient pas des dieux ! Des dieux seraient plus impressionnants c'était certains !
Son regard désabusé passa nonchalamment d'un membre à un autre. Sans surprise ces barbares d'Orcitans voulaient faire un massacre, le clan Kavali n'était pas d'accord, ils ne souhaitaient pas risquer une nouvelle guerre...Les deux positions étaient louables et bientôt Esrä se demandait si une stratégie commune pouvait vraiment être envisagée. Pff...quelle perte de temps ! Et dire qu'il n'y avait même pas de banquets ! La nomade du désert se demandait vraiment ce qu'elle faisait là ! Tour à tour, les discours se mêlaient et se contredisaient, on parlait carnivores et religions, armes et rencontre avec les envahisseurs. Avec orgueil, Esrä se dit qu'elle n'avait vraiment rien en commun avec la plupart de ces gens, comment pouvait-on être aussi différents et habiter sur la même terre? Cette pensée philosophique la fit sourire bêtement tandis que les élucubrations des autres continuaient.
Lorsque Yhùan prit enfin la parole, la marchande se concentra à nouveau. Comme toujours il clamait la réflexion avant l'action, rien de très surprenant venant d'un guérisseur, et le peu de réactions de la part de leur chef montrait bien que comme à son habitude le peuple Rajàhor restait sur la réserve et s'accordait pour réfléchir à la stratégie la plus avantageuse pour lui. Esrä leva les yeux au ciel de façon outrancière, était-elle la seule à vouloir quitter ces grottes de calcaire humides au plus vite ?
Le chef des Trikanas s'exprima à son tour, proclamant haut et fort qu'un Tyrannosaure s'approchait du camp des envahisseurs. Un silence s'installa soudain, une tension se créa au sein de l'assemblée. Esrä fronça les sourcils, désappointée. Si la chose était entendue, alors pourquoi passer des heures à tenter de se mettre d'accord ? Pourquoi se rassembler ici si un carnivore allait régler leurs comptes aux nouveaux venus avant qu'ils n'aient le temps d'intervenir ? On pouvait être sûr qu'après un tel accueil ils repartent vers les cieux ! Un frisson parcourut son corps rien qu'à l'idée de rencontrer la bête meurtrière. Des barbares...Tous des barbares rumina-t'elle en observant les visages autour d'elle. Il était évident qu'Esrä n'irait jamais sauver ce nouveau peuple des griffes des carnivores, elle n'était déjà pas certaine de le faire pour l'un des siens....Ils étaient perdus d'avance à moins que leurs armes soient plus efficaces que prévues. Yhùan, un certain Sandor et les Kavali tentèrent désespérément d'apaiser la situation, sans grand succès.
« Comment sont-ils parvenus à envoyer un foutu carnivore sur les envahisseurs ? » Esrä sursauta et lança un regard courroucé à Dorran dont elle avait totalement occulté la présence. Pour une obscure raison, son futur époux s'était lui aussi porté volontaire pour cette aventure, même si la jeune nomade ne voyait absolument en quoi sa contribution pourrait aider son peuple.
« Chut ! » Fit-elle agacée en rejetant son châle pourpre en arrière de son épaule comme pour chasser un insecte nuisible. De quel droit se permettait-il de commenter les paroles d'un chef de clan ? Quelle manque d'éducation ! En observant les hommes et femmes Orcitans, elle se dit qu'elle avait sans doute hérité du plus taciturne d'entre eux ! Esrä soupira exagérément, bien malheureuse du sort qui lui était réservé, les envahisseurs connaitraient certes une mort atroce entre la mâchoire des carnivores mais au moins ils n'auraient pas à supporter toute leur vie une brute épaisse comme Dorran....En un sens leur sort était plutôt enviable !
Aux paroles de Dorran, une pensée se fraya un chemin dans son esprit. Effectivement, comment les Trikaniens s'y prenaient-ils pour envoyer les carnivores à un endroit précis ? Comment les attiraient-ils ? C'était insensé que l'un des clans possède une arme aussi redoutable ! C'était totalement effrayant ! En observant les hommes et les femmes de ce conseil, la vendeuse de poisons se rendit compte à quel point chacun des trois autres clans pouvait être redoutable, depuis le début, ils exposaient leurs atouts dans leurs discours, les Trikaniens avec leurs terribles carnivores, les Kavaliens et leurs sentinelles volantes quand aux Orcitans ils transpiraient tellement le désir de tuer que leurs sourires suffisaient à devenir une menace. Et eux, clan Rajàhor, qu'avaient-il à montrer ? Leur talentueux guérisseur défenseur de la paix ? Si le charme pouvait tuer peut-être mais ici et maintenant, il fallait sauver l'honneur du clan ! Étrangement impliquée dans cette affaire, Esrä lança un regard insistant à Soka qui l'ignora royalement puis à Dorran afin qu'il trouve une idée. Finalement se fut-elle qui se lança dans la bataille, se sentant pousser des ailes face à l'urgence absolue de la situation, selon elle. Les autres la remerciaient plus tard !
"Et si...Hum...pardon, poussez-vous !" La jeune femme écarta sans cérémonie deux trois personnes devant elle afin que tous puissent entendre ses sages paroles. "Et si on en capturait un !" Dit-elle simplement sans se laisser impressionner par les regards qui se posaient sur elle.
"On capture l'un de ces envahisseurs et on le fait parler ! On sera tout de suite fixés ! On saura d'où ils viennent, qui ils sont et ce qu'ils veulent !" Elle accompagna ses mots d'un sourire satisfait comme si ce qu'elle venait de sortir était la chose la plus logique et intelligente jamais prononcée sur cette terre.
"Oh bien sur, nul besoin de dague ou de flèches pour ça ! Nous, peuple Rajàhor avons ce qu'il faut pour vous faire avouer vos secrets les plus....inavouables !" Elle parlait des poisons et autres substances hallucinogènes dont leur clan avait le secret, bien entendu. Esrä se délecta des nombreux regards posaient sur elle et jubila intérieurement. Finalement la politique ce n'était pas si difficile, il se pourrait même que cela devienne sa nouvelle passion !
" La paix ou la guerre ? Tendre la main ou verser le sang ? "
Ses yeux se perdaient vers l'observation du peuple du désert. Réellement, elle ne se reconnaissait dans aucun de leurs visages, puis son attention vint à retourner vers le conseil. Un tyrannosaure, un frisson la parcourut. C'était sa plus grande peur, son cauchemar bien particulier, elle ne pouvait se sentir que désoler envers ces nouveaux venus, avant qu'une Orcitan vint à reparler de leurs armes. Les dinosaures avaient leurs habitudes, leurs faunes, les clans avaient pu apprendre à vivre avec ou auprès d'eux, mais ces hommes ne venaient pas d'ici, ils pouvaient chambouler le cycle naturel. Pour autant, pouvait-on les laisser mourir ? Anrlë n'avait jamais combattu pendant la guerre, étant bien trop jeune, mais elle en avait vu les dégâts. Se retrouvant encore à accord avec les paroles d'Enfys, elle restait pourtant encore droite derrière le grand sage, sans rien dire. Suivre les ordres était son devoir, mais cela ne l'empêchait pas de penser par elle-même en silence.
Elle appréciait beaucoup les paroles du sage du désert. Mais voilà, deux peuples tournés vers une approche pacifique, deux autres prêts à verser le sang, la discussion pouvait encore durer longtemps. Finalement, une femme qu'elle avait observée quelque temps plus tôt vint à parler de capturer l'un des hommes venus du ciel. Son regard se fit plus interrogateur. En soi son idée pouvait se tenir, mais pas avec cette menace pesante sur eux. À la mention du poison, son coeur s'accéléra. Le dernier marchand qu'elle avait interrogé lui avait dit que son père venait d'une famille experte dans les poisons. Faisait-elle partie de cette famille ou la connaissait-elle ? Anrlë aurait voulu aller l'interroger, découvrir le secret de ses racines, mais l'heure n'était pas à penser à elle, mais bien à tout le reste. Là, elle se décida finalement à parler de son propre avis, mais surtout en qualité de garde volante. D'une voix calme, tout en restant derrière le grand sage, elle annonça :
- Avant de penser à enlever un des hommes pour en découvrir davantage sur eux, il faudrait sûrement penser à ce qui passe dans leur camp à ce moment précis. Nous continuions de discuter pendant que le tyrannosaure attaque ce peuple. Et s'ils l'emportaient avec leurs armes ? S'ils se mettaient à attaquer tout dinosaures par représailles ?! S'ils chamboulaient ce qui nous permet de vivre. Nous devons leur apprendre à respecter cette terre, mais aussi nos clans et ce n'est pas en les attaquant qu'on y parviendra.
Anrlë était une enfant de la terre, ayant appris à vivre en symbiose avec elle, à respecter son cycle naturel. Oui, ces hommes représentaient une menace, mais ils pouvaient apprendre, comme chaque enfant des clans apprenaient à le faire. Tout en gardant une voix posée, elle ajouta :
- Je suis prête pour les Kàvalii, à me rendre vers l'oiseau de fer et j'espère vraiment que vous déciderez de les aider, comme on aimerait tous être aidé dans ce genre de situation, mais si vous voulez les exterminer, préparez-vous à perdre certains d'entre- nous. Le sang n'appelle que le sang.
Là, elle voyait le visage de sa grand-mère dans son esprit. Anrlë fonçait encore droit vers le danger, mais elle faisait partie de la garde volante, c'était sa mission de le faire.
Whaouu ! Je vois que les esprits s'échauffent de plus en plus dans le lieu de rassemblement des clans et surtout que tout le monde n'est pas d'accord sur la marche à suivre avec les envahisseurs aux ailes d'aciers qui viennent du ciel ! Toujours mon capuchon sur la tête, je les écoute avec attention. Les Orcitàn sont comme à leurs habitudes belliqueux et désire leur faire la guerre ! Alors que des guerriers Kàvalii proposent pour en savoir plus sur eux de voler tout simplement au dessus de leur camp ! Le guérisseur Yhùan que j'ai déjà rencontré dans l'Osais d'Osadii lui semble faire preuve de prudence et même de sagesse en voulant d'abord apprendre à les connaitre avant de leur sauter à la gorge ! Pour ma part, je ne sais quoi penser. Je voudrais les rencontrer et tout comme Yhùan décider en fonction de leur actes si oui ou non ils sont digne de notre confiance. C'est alors que je suis prise dans mes pensées que le chef des Trikana prends la parole. Apparemment par je ne sais quel moyen il a envoyé un Tyrannosaure sur nos nouveaux invités !
Je suis surprise d'apprendre cela et je ne suis pas la seule puisque de toutes les voix que j'entends, j'en reconnais une familière, celle de mon frère de cœur Dorran. Cet homme m'a bien souvent sauvé la mise à Menethil et je dois l'admettre, je lui dois la vie... Je me tourne alors vers celui ci et je murmure : "Dorran !" Il est ici lui aussi, mais il ne semble pas être du coté des Orcitàn mais des Rajàhor! Je voudrais bien m'avancer vers lui pour lui parler, mais une femme serpent semble l'accompagner et je n'ai pas vraiment envie de goûter à son venin en m'approchant de trop prêt ! Si il m'a vue, c'est lui qui viendra à moi.
“The thing is, any time anyone invades anyone on stage, the invader always looks really bad no matter what point they're proving.”
Ton petit discours a eu le mérite d'être entendu par certains, et même encouragé, tu as bien vu que ta soif de guerre a touchée certaines personnes. Mais ils ne semblent pas si nombreux que cela à vouloir te suivre dans la violence et la guerre contre ce nouveau peuple. Pourtant tu sais au fond de toi que ces hommes venus du ciel n'apporteront que la mort et le sang sur vos terres. Le traité de paix a permis aux peuples de se développer, de vivre sereinement, même si pour toi, ça a aussi signé la fin d'une grande partie de tes activités de piraterie. Ce peuple ne peut venir en paix, quoi que disent certains, quoi qu'ils pensent, ils sont venus avec des armes, ils sont venus du ciel dans leur oiseau de fer...La peur autant que la bestialité parlent pour toi. Et tu ne peux cacher ton dédain en écoutant les autres parler de paix. Tu secoues la tête en écoutant ses hommes et ses femmes, l'expression sur ton visage veut tout dire alors que tu te détournes de la conversation. Si ils préfèrent attendre comme des lâches et essayer de faire la paix avec ces êtres, tu n'as rien à faire ici.
Une voix t'arrête cependant, une voix proche de toi qui provient d'une femme dont tu n'avais pourtant pas remarqué la présence avant qu'elle se mette à parler : Eirin. Que fait-elle ici alors que tu lui avais demandé de rester sur le bateau avec les autres...? Daelan regarde avec autant de stupeur que toi la jeune femme s'avancer et commencer à parler. Tu entends ce qu'elle dit à toute l'assemblée, tu écoutes son avis qui n'est pas si différent du tien, après tout ce que tu viens d'entendre de la part des autres tu aurais pu trouver cela judicieux, appréciable, d'avoir quelqu'un de plus dans ton camp. Mais ce n'est pas le cas, loin de là. Tu n'apprécies pas du tout qu'elle prenne la parole de la sorte, alors que toi-même tu l'as déjà fait. Tu n'apprécies pas qu'elle n'ait pas respecté les ordres que tu lui as donnés de rester sur le bateau, avec l'Orcëtii et de veiller sur l'équipage autant que sur le navire.
Tu attends qu'elle finisse sa tirade, patiente, et que les regards se tournent vers une nouvelle personne. Et quand la Kavali qui a déjà donné son avis sur l'attaque frontale se remet à parler, tu profites que les regards soient sur elle pour attraper ton chef d'équipage par le col pour la tirer vers toi avec force et vous éloigner toutes deux du centre de l'attention. " J't'ai demandé quoi rappelle moi...? De rester sur le bateau ! " grognes-tu férocement en la tenant toujours par le col. Qu'elle parle pendant un conseil de cette importance n'est pas le problème bien entendu, elle a le droit de s'exprimer au même titre que tous les autres. Mais qu'elle fasse passer les Orcitàn pour des lâches en voulant utiliser les dinosaures...Elle ne pouvait pas tolérer ce genre de comportement. " Tu nous fais passer pour des lâches ! Alors maintenant tais toi si tu ne veux pas que je te renvoie au bateau escortée par Daelan ! " Et tu es très sérieuse, quitte à rester seule à cette réunion, si cela peut éviter que ton équipage passe pour des couards qui se servent des dinosaures pour faire leur travail.
Malheureusement, c'est loin d'être fini. L'attitude de ta protégée a déclenché d'autres réactions, prévisibles au vue du comportement des gens présents. Mais ce qui t'inquiète le plus, c'est la réaction de Sandor vis-à-vis de Eirin...Dans son ton de voix, tu sens qu'il désapprouve l'idée, qu'il ne veut même pas en entendre parler. Comme toi en réalité. Tu relâches ton maître d'équipage et retourne sans un mot de plus aux côtés de Sandor, hésitante sur la conduite à tenir. Les idées te semblent toutes plus ridicules les unes que les autres, entre faire la paix, attendre ou enlever un de ces nouveaux arrivants pour l'interroger. Tu ne reprends pas la parole, ton avis était clair et leurs petits jeux ne t'intéressent pas au final. Tout ce que tu fais, c'est t'approcher de Sandor pour qu'il puisse t'entendre. " Préviens moi quand ils auront fini d'débattre de s'qu'on doit faire, les voir s'bouffer le nez ça m'emmerde, " murmures-tu près de lui avant de te reculer pour t'éloigner des débats.
Je venais donc de chuchoter à Enfys que je serais bien allé à dos de son lézard volant pour assister à l’accueil de mon cher tyrannosaure, mais ça n’avait pas l’air de lui plaire. J’avoue que dit comme ça, on pouvait croire que je voulais assister à la mort de ces nouveaux êtres avec juste une envie de sang, mais c’était plus que ça, je voulais voir s’ils en avaient peur, s’ils connaissaient nos animaux et quelle serait leur défense. Du coup, sa réplique me fit doucement sourire, de toute façon, à ses yeux, je passais déjà pour un sauvage, alors je n’étais plus à ça près. « Oh, oui c’est vrai ! Quel spectacle divertissant que de voir des Hommes se faire démembrer… Ou avais-je la tête ? Parfois je me demande si vous autres les Trikana avez réellement qu’une once de sentiment sous vos armures. » Je pose une main sur ma poitrine, en faisant une petite moue triste, pour faire mine qu’elle venait de me briser le cœur… puis une voie familière se fit entendre… Eirin. Je me retourne alors pour la regarder. Je me disais que pour le peu que je l’avais entendu parler, c’était pour proférer des menaces, alors j’étais assez surpris de cet entrain soudain. Je l’écoute, et je me dis que c’est vrai… voir leur réaction face à mon petit T-rex c’était quelque chose que l’on espérait découvrir, en revanche, je voyais bien là nos avis diverger quand elle s’est mise à parler de kidnapper mon dinosaure préféré, ou de s’en débarrasser. Namého elle est pas sérieuse… pas touche quoi ! J’avais froncé les sourcils à sa remarque et tentais à présent de capter le regard des personnes autour de nous, histoire de voir qui serait de son avis et voudrait s’en prendre nos bêtes. Mais c’était surtout de la surprise et parfois de la stupeur que je percevais. Puis mon regard tomba sur la douce Anrlë qui elle, ne semblait pas très à l’aise, certainement dû à l’évocation du Tyrannosaure et de ce que cela pouvait représenter pour elle. Cette conversation ne devait pas être très rassurante pour elle. Puis mon attention fut retenue par l’imposant Sandor qui avait répondu que l’animal n’était pas notre priorité. Encore heureux. Il s’adresse ensuite à ma petite écorcheuse avec une once de taquinerie pour lui dire en gros, qu’elle ne devait pas voir le bien partout. Mais avec une pacifiste pareille, ça ne servirait à rien, puisque pour elle, jusqu’à preuve du contraire, toute âme vivante était pure et douée de bonnes intentions. Moi, ce n’est pas le dialogue que je voulais tout de suite… de savoir qu’ils avaient pénétrés nos terres ne me disait rien qui vaille.
Et tel un match de lancer de haches, ma tête tournait de gauche à droite pour suivre à présent le Guérisseur, qui, comme à chacune de ses interventions, semblait vouloir tempérer les choses. J’avais bien aimé sa dernière phrase, l’air de rien il était aussi stratège que moi et ça me plaisait. Le spectacle continuait avec cette fois-ci ma petite rouquine qui avait repris la parole, voulant une fois de plus nous faire savoir quelle resterait sur sa ligne de conduite. Je lui souris et la vis revenir vers moi, sur le coup, j’avais compressé mes abdos, prêt à recevoir un coup sur le torse, mais elle n’en fit rien, se mettant au contraire sur la pointe des pieds rapprochant son visage du mien… et non… pas de bisou sur la joue -pas de bisou tout court d’ailleurs-, c’était juste pour me susurrer quelques mots doux à l’oreille… ou pas. « Quoiqu’il arrive, Killian, je ne laisserai pas ces gens mourir pendant que nous parlons. Aide-moi si tu veux, ou reste avec ton clan. C’est ton choix. » Elle doit plaisanter mais je la regarde et constate qu’elle est bel et bien sérieuse. Mais dans quel pétrin va-t-elle encore me mettre cette petite folle. Et me donner le choix de la laisser seule face au danger ou de manquer de respect à mon chef c’était trop facile comme ultimatum ! A mon tour je me rapproche d’elle tout en me baissant légèrement puis, passant ma main sur sa nuque pour coller sa joue contre la mienne, je lui chuchote tout doucement
« Tss tss tss calme-toi et attends un peu » commençais-je pour calmer ses ardeurs « Tu le sais très bien que je ne t’abandonnerai pas mais faisons-le à ma façon. Hors de question de se faufiler hors d’ici comme des traitres, laisse moi l’occasion d’en toucher deux mots à mon chef, ok »
En terminant sur ces mots, j’avais à présent mes deux mains sur ses joues pour qu’elle regarde dans mes yeux et sache que j’étais moi aussi sérieux et surtout, qu’elle avait mon soutien. Je tape alors un petit coup de front sur le sien avant de me redresser pour conclure. J’attendais sa réaction avant de bouger. Mais il était certain que j’irais voir mon Ma Agada Otaii avant de sortir d’ici. J’avais acquis un certain degré de liberté depuis de nombreuses années mais cela avait été permis grâce à mon entière dévotion pour mon peuple, tout le monde chez moi savait que tout ce que j’entreprenais était pour le bien de mon peuple, et c’est pourquoi on me laissait agir à ma guise.
Puis une autre voix s’éveilla au fond de l’assemblée où une jolie créature s’était frayé un passage pour s’exprimer à son tour. « Et si on en capturait un … On capture l'un de ces envahisseurs et on le fait parler ! On sera tout de suite fixés ! On saura d'où ils viennent, qui ils sont et ce qu'ils veulent»Et bien, elle était aussi ravissante qu’intelligente. « Oh bien sûr, nul besoin de dague ou de flèches pour ça ! Nous, peuple Rajàhor avons ce qu'il faut pour vous faire avouer vos secrets les plus... inavouables ! » Une fille du désert, je m’en doutais à sa tenue et quand elle fait mention de ses petites concoctions qui est bien propre à son clan, ça me fait frissonner d’excitation… mais par contre, hors de question de ne pas avoir le plaisir d’en venir aux mains, obtenir des informations en toute facilité n’avait rien d’amusant mais bon… pour le capturer tous les moyens pouvaient être adoptés... à voir. Puis, comme à chaque fois, une nouvelle intervention venait contrebalancer les choses, afin de remettre un peu d’équilibre dans notre débat et c’était la douce garde volante des montagnes qui s’en était chargé. Elle avait établi le fait qu’en se sentant menacé par le dinosaure, ces envahisseurs verraient en tout animal une hostilité à affronter et que cela viendrait à perturber l’équilibre de nos terres. Elle n’avait pas tort, mais on se devait d’agir, de se décider pour satisfaire la majorité. Quant à savoir ce qu’il se passait, du côté de l’oiseau de fer, nous avions encore plusieurs sentinelles prêtes à venir faire leur rapport sous peu. La jolie brune s’était ensuite portée volontaire pour cette mission qui n’allait certainement pas tarder à être validée par les chefs de clan avant de finir sur le fait qu’il ne fallait pas se voiler la face et que nous devions être prêts à affronter le sang et la mort. Pour ce dernier point et comme tout bon guerrier, j’étais prêts et c’était au contraire une sorte de motivation pour moi. Ses paroles ne m’étonnaient pas d’elle et la représentaient plutôt bien. J’avais eu l’occasion d’avoir de nombreuses discussions avec Anrlë et elle me confirmait là qu’elle était digne de confiance, à toujours garder une même ligne de conduite, droite et franche. Et du coup, j’en profite pour prendre la parole pendant qu’un léger calme s’impose afin de glisser notre envie pressante à Enfys et moi d’avoir un peu d’action. Mon regard se pose alors sur mon chef alors que je glisse un petit mot à l’assemblée.
« Si vous décidez d’envoyer un groupe pour cette mission de capture, ou autre d’ailleurs, je me porte aussi volontaire et pour être plus rapide et alerte, j’irais aussi par les airs, avec elle » avais-je alors dit, appuyant mon geste en portant ma main sur la tête rousse d’Enfys.
C’était plus logique, un membre pour guider sa bête volante, un autre à l’arrière pour agir… ou se battre si nécessaire. Et ça, c’était de ma catégorie. Bon, voilà qui allait certainement faire agir les chefs à prendre la parole et enfin nous donner une directive sur les choses à venir…
Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, si bien que sa respiration se scandait au rythme de ses battements, et ce fut ainsi, extrêmement difficile à reprendre un semblant de souffle. La dissidente courrait depuis si longtemps qu’elle sentait son corps brûler par l’effort. Si au début, c’était l’euphorie qui la poussait à aller plus vite, maintenant, c’était la détresse qui l’a faisait accélérer. Et pourtant, elle perdait son allure du début, ses ressources physiques déclinant plus vite qu’elle ne l’aurait espéré. Tout son esprit était focalisé sur une même chose, ne pas tomber, parce qu’alors, elle n’aurait plus aucune chance de survie, plus aucune.
À la première lueur de ce matin frileux, les chasseurs des dissidents furent pris en chasse par des dinosaures carnivores, suffisamment petits pour ce caché dans la flore et suffisamment rapide pour les poursuivre. Ils furent cinq à partir à la conquête de nourriture, un nombre insignifiant face à trois d’entre-deux qui cherchait eux aussi à ce nourrir. Les dissidents partir dans des directions différentes, priant pour qu’ils ne soient pas leur cible et pour qu’ils arrivent vivant jusqu’aux pièges installés plus tôt. Chacun d’entre-deux entendit un cri perçant, l’un des leur étaient tombé, mais personne ne pouvait savoir à qui appartenait cette voix masculine. Les reptiles avaient gagné, mais ce n’était pas suffisant, toujours en demande de plus de sang. Celui qui poursuivait Grïve ne s’était pas arrêté, il n’avait pas rebroussé chemin pour se contenter d’un cadavre encore chaud. C’était une lutte dont la course allait désigner le vainqueur, mais même si l’humaine était en mauvaise posture, c’est elle qui gagna, mais pas sans égratignure. Grive échappa aux pièges en sautant par-dessus, mais pas le dinosaure qui en tombant lui taillada la cuisse. Sans même prendre le temps de reprendre son souffle, elle le tua avant qu’il appel de l’aide et elle s’écrasa au sol, pleurant la perte d’un des siens.
C’est pour cette raison que Grïve et quelques membres de son groupe arrivèrent en retard aux regroupements. Même si eux n’étaient pas très loin des grottes, ils avaient des préoccupations plus importantes que cet oiseau de fer. Une nouvelle fois, son groupe se sépara, s’installant tous à quatre coins de la grotte. Un dissident seul est toujours moins menaçant et on y prête moins attention. Elle perdit son époux des yeux, tant les natifs étaient nombreux, mais reconnu certains visages. Grïve pouvait sentir la tension accumulée, mais n’en comprenait pas la cause. De loin, elle pouvait entendre une voix familière qui ne pouvait appartenait qu’à Kilian. Elle se rapprocha d’un des natifs pour le questionner sur la raison de leurs énervements. Certains voulaient attaquer les nouveaux arrivants, d’autres préféraient les aider et il y avait cette histoire de Tyrannosaure. Cet oiseau de fer n’avait pas seulement attiré l’attention des natifs, mais aussi des carnivores toujours en recherche de nourriture.
Se faufilant à travers la foule, elle aperçut aux loin les habitants du désert et fut – ô combien surprise – de voir Ësra à leurs côtés. Elle avait donc succombé à sa curiosité et se mit en danger pour la satisfaire. Mais c’est tout ce qu’elle put voir, puisqu’un autre homme se plaça devant elle. Toutefois, elle ne s’en offusquait pas, les dissidents étaient rarement reconnus et elle avait l’habitude de cela. Alors elle recula pour trouver un meilleur endroit pour pouvoir observer toutes les personnes qui se trouvaient à ce regroupement.
Never thought that I was weak, always thought I could get hurt pretty bad ; still get up on my own two feet. I always believed that I was free, that I had some sense of integrity that would rise above whatever tried to change me.
Parmi ceux qui avaient lancé des regards courroucés à Dorran se trouvait bien évidemment sa charmante fiancée Esrä. La vipère sortait finalement de sa léthargie pour lui intimer le silence comme à un enfant, ce qui ne provoqua aucune réaction de la part de l'ancien marin qui se trouvait bien trop habitué à son attitude. Il l'observa se frayer un chemin vers le centre de l'assemblée, un rictus moqueur accroché aux lèvres. Dans quelle situation sa promise allait-elle encore se retrouver ?
A sa plus grande surprise, la demoiselle ne se ridiculisa pas mais proposa plutôt un plan d'action concernant les envahisseurs. Dorran perdit son sourire, plutôt impressionné par les paroles de la Rajàhorienne. Capturer l'un des nouveaux venus pour en apprendre plus sur leurs intensions était plutôt une bonne idée... Mais, étant donné que cela ferait bien trop mal à l'ancien guerrier de l'avouer, il garda cette pensée pour lui-même et se renfrogna un peu plus dans son coin de la caverne. Bientôt, une jeune femme du clan des montagnes prit elle aussi la parole, dans le but de contredire Esrä. Elle se lança dans un discours en faveur des envahisseurs qui devaient actuellement se trouver aux prises du tyrannosaure. « Grand bien leur fasse... » grogna l'ancien marin dans son coin de la grotte, ce qui provoqua une nouvelle vague de regards réprobateurs dans sa direction. Dorran poussa un soupir consterné, ces montagnards... A croire qu'ils ne vivaient pas dans le même monde que le reste des clans, n'avaient-ils pas conscience du danger ambiant et de l'hostilité sous-jacente qui régnait ? Cette attitude frôlait le ridicule ! Et où était Asmund quand on avait besoin de lui ? Le guerrier Kàvalien serait certainement d'accord avec lui sur ce point, Dorran en était persuadé !
L'ancien Orcitàn n'eut cependant pas le temps de s'attarder sur cette pensée qu'il crut entendre son nom prononcé. Il fronça les sourcils et scruta les recoins sombres de la caverne à la recherche de la personne qui était à l'origine de cet appel. L'avait-il seulement bien entendu ou était-ce le fruit de son imagination ? L'homme mit quelques poignées de secondes avant d'obtenir la réponse à cette question, tandis qu'un Trikanien intervenait de nouveau pour offrir ses services à l'occasion d'une mission de contact avec les étrangers. En effet, lorsque son regard croisa celui d'une jeune femme qui restait en retrait, il sut. Thëmesia. Un sourire vint étirer ses lèvres : il savait qu'elle était encore en vie. Depuis combien de temps n'avait-il pas vu celle qu'il avait longtemps considéré comme sa petite sœur ? Il ne comptait plus les années.
Dorran profita donc du fait que Esrä s'était éloignée vers le centre des négociations et qu'un groupe plutôt nombreux de dissidents fasse son entrée dans la caverne pour bouger à son tour. De toute manière, les négociations étaient loin de le passionner, et la conversation prenait une tournure qui ne correspondait pas du tout à l'avis qu'il se faisait des étrangers. Vu comme c'était parti, les chefs de clans n'allaient pas tarder à envoyer une délégation de bienvenue et un panier garni aux envahisseurs ! Ainsi, il préférait se concentrer sur sa sœur plutôt que de participer à cette mascarade. Grâce à l'agitation des dissidents, il se déplaça discrètement en marge du grand rassemblement jusqu'à Thëmesia. Il posa une main sur la tête de la demoiselle, comme pour s'assurer qu'elle était bien là, et lui ébouriffa les cheveux. « Mesie ! » chuchota-t-il le plus discrètement possible, tout sourire. Puis, sans crier gare, il fronça les sourcils et adressa un regard inquisiteur à la demoiselle. « Qu'est-ce que tu fais là ? C'est dangereux par ici ! » lui grogna-t-il sur un ton réprobateur. Plus de dix ans sans nouvelles, mais il n'avait pas perdu ses habitudes de grand frère. Pourquoi la jeune Orcëtii prenait-elle part à ce rassemblement ? Qui pouvait prédire si des affrontements n'allaient pas éclater dans la grotte ? Ce n'était pas un endroit sûr.
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Dorran n'avait pas demander à se retrouver ici, au beau milieu de cette caverne, entouré d'inconnus. Il ne s'y sentait pas à sa place, parmi les délégations des différents clans de leur monde. S'il avait pris part au voyage, c'était uniquement parce que le vieux marchand de poisons lui avait demandé, comme une preuve de son engagement envers le clan Rajàhor, d'accompagner celle qui s'était portée volontaire et qui allait bientôt devenir sa femme. Il ne savait pas pourquoi elle s'était proposée pour intégrer la délégation, d'ailleurs, sans doute par curiosité... Et voilà qu'elle commençait déjà à l'entraîner dans ses lubies ! Heureusement, le clan du désert pouvait compter sur d'autres représentants pour mener à bien cette réunion car, s'il s'agissait de s'en remettre totalement à Esrä, la prochaine guerre serait déclarée. En outre, la jeune femme semblait s'ennuyer royalement dans cette assemblée, à croire que les discussions politiques ne se révélaient pas aussi divertissantes qu'elle l'aurait cru.
Ses yeux se perdaient vers l'observation du peuple du désert. Réellement, elle ne se reconnaissait dans aucun de leurs visages, puis son attention vint à retourner vers le conseil. Un tyrannosaure, un frisson la parcourut. C'était sa plus grande peur, son cauchemar bien particulier, elle ne pouvait se sentir que désoler envers ces nouveaux venus, avant qu'une Orcitan vint à reparler de leurs armes. Les dinosaures avaient leurs habitudes, leurs faunes, les clans avaient pu apprendre à vivre avec ou auprès d'eux, mais ces hommes ne venaient pas d'ici, ils pouvaient chambouler le cycle naturel. Pour autant, pouvait-on les laisser mourir ? Anrlë n'avait jamais combattu pendant la guerre, étant bien trop jeune, mais elle en avait vu les dégâts. Se retrouvant encore à accord avec les paroles d'Enfys, elle restait pourtant encore droite derrière le grand sage, sans rien dire. Suivre les ordres était son devoir, mais cela ne l'empêchait pas de penser par elle-même en silence.
Whaouu ! Je vois que les esprits s'échauffent de plus en plus dans le lieu de rassemblement des clans et surtout que tout le monde n'est pas d'accord sur la marche à suivre avec les envahisseurs aux ailes d'aciers qui viennent du ciel ! Toujours mon capuchon sur la tête, je les écoute avec attention. Les Orcitàn sont comme à leurs habitudes belliqueux et désire leur faire la guerre ! Alors que des guerriers Kàvalii proposent pour en savoir plus sur eux de voler tout simplement au dessus de leur camp ! Le guérisseur Yhùan que j'ai déjà rencontré dans l'Osais d'Osadii lui semble faire preuve de prudence et même de sagesse en voulant d'abord apprendre à les connaitre avant de leur sauter à la gorge ! Pour ma part, je ne sais quoi penser. Je voudrais les rencontrer et tout comme Yhùan décider en fonction de leur actes si oui ou non ils sont digne de notre confiance. C'est alors que je suis prise dans mes pensées que le chef des Trikana prends la parole. Apparemment par je ne sais quel moyen il a envoyé un Tyrannosaure sur nos nouveaux invités !
Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, si bien que sa respiration se scandait au rythme de ses battements, et ce fut ainsi, extrêmement difficile à reprendre un semblant de souffle. La dissidente courrait depuis si longtemps qu’elle sentait son corps brûler par l’effort. Si au début, c’était l’euphorie qui la poussait à aller plus vite, maintenant, c’était la détresse qui l’a faisait accélérer. Et pourtant, elle perdait son allure du début, ses ressources physiques déclinant plus vite qu’elle ne l’aurait espéré. Tout son esprit était focalisé sur une même chose, ne pas tomber, parce qu’alors, elle n’aurait plus aucune chance de survie, plus aucune.