Il avait été décidé d’accueillir les nombreux voyageurs venus des quatre coins de la planète au sein de notre village. De voir autant de monde me rappelait presque l’affluence que provoquait le grand Tournoi des Champions. A peu de choses près du moins, puisque l’humeur était beaucoup moins festive aujourd’hui. Des campements avaient été installés un peu partout et ceux n’aimant pas les hauteurs de notre village avaient préféré rester aux grottes de Calcità et d’autres près des rivières. Il faut dire qu’il y avait eu quelques tensions durant le rassemblement ce qui pouvait aussi justifier la tenue à l’écart de certaines personnes. Quoi qu’il en soit, Eymrin avait demandé à tous les villageois d’être accueillant auprès de nos invités, de leur fournir un repas ou un toit si nécessaire. Tout le monde jouait le jeu et sans trop se forcer, sauf peut-être pour la milice qui avait ce besoin constant de rester sur ses gardes.
De mon côté, j’étais toujours partant avec Leif, pour m’entourer de bonne compagnie et j’avais alors proposé à quelques connaissances de venir partager un petit festin avec nous, autour d’un feu. Une soirée pour se détendre des derniers événements était plus que nécessaire. Toutefois, à nous regarder, couverts de poussières, de boue et voir même de sang, il m’était inconcevable de passer tout de suite au repas sans au préalable aller se laver. Je regarde alors mon frère, échangeant un regard malicieux et me retourne ensuite vers le petit groupe qui semblait épuisé comme après une course poursuite avec des Galliminus. Mon regard se pose alors sur Yhuan, le guérisseur et la ravissante créature à ses côtés puisque tous deux semblaient se soucier de leur hygiène personnelle.
« Que diriez-vous de commencer par vous rafraîchir hmm ? » commençais-je en tentant de ne pas trop sourire « Nous avons cette grosse étuve là-bas, dont l’eau est justement en train d’être réchauffée ! » J’avais désigné la marmite sur le centre de la place, où quelques femmes préparaient le bouillon, ajoutant quelques épices. « L’eau a d’agréable parfum, vous sentez ?! » Puis, je fais l’erreur de me tourner vers Leif et me met alors à éclater de rire. Ma blague n’aura pas duré longtemps. « Non non je vous taquine, ce bain-là est réservé au raptor ! » C’est alors que Kalya nous rejoint, accompagnée semble-t-il d’un cactus sur patte. Je fais signe à ma charmante coach de se rapprocher de moi et la plonge tout de suite dans le sujet « Tu tombes bien, que dirais-tu d’accompagner cette ravissante demoiselle aux bains intérieurs ? » J’avais désigné la jolie Esrä tout en ignorant de plein gré Enfys« Toi ma petite écorcheuse, tu ne vas pas rater l’occasion de me frotter le dos hmm ? » J’avoue que cette fois, je lui tends le bâton pour me faire battre, mais j’étais de bonne humeur en cette fin d’après-midi. Me tournant alors vers les hommes qui avaient mauvaises mines je repris la parole. « Quant à nous les hommes, nous allons effectuer notre brin de toilette à une petite crique un peu plus bas… il y a de nombreuses chutes d’eau, vous ne serez pas déçus ! » J’attendais à présent les accords de cette petite assemblée…
{@=15}Enfys{/@} & {@=9}Killian{/@} & {@=40}Leif{/@} Survolant la clairière et ses envahisseurs
La main tendue vers mon frère, je saisis ensuite la sienne fermement alors qu’il saute sur la monture, sans même se poser la moindre question. Nous avions une confiance mutuelle telle, que s’il me demandait de sauter d’une montagne, je le ferais. Parce que c’était lui. Tout simplement. Je me sens soulagé quand il s’agrippe à moi, comme si sa présence avait suffi à rendre cette situation moins dangereuse dans ma tête. Avec lui, tout n’était qu’amusement et ce qu’on s’apprêtait à vivre relevait d’un moment historique, un événement qui serait plus tard, conté par nos shamans ; et ça, c’est avec lui que je voulais partager cette aventure. Alors quand il nous demande où est-ce que l’on se rend et si une décision des clans avait été prise… je me retourne et, une main derrière son crâne, je pose mon front contre le sien, en prenant soin de bien resserrer Enfys pour ne pas perdre l’équilibre.
« Mon frère, les Dieux nous amène vers une nouvelle aventure … on va voir cet oiseau de fer de plus près ! On doit en apprendre plus sur eux…
Je ne lui en dis pas d’avantage pour le moment, et me rappelle des paroles de mon chef, alors qu’il m’avait pris en aparté à la fin de la réunion « rapporte avec toi le plus réponses possibles sur ces envahisseurs » Je me souviens de cette sensation de fierté quand il avait posé sa main sur mon épaule et je me dis que je ne pourrais pas le décevoir. Ni lui, ni mon clan, ni mes proches. Je ne savais pas encore de quoi il retournerait, mais ce dont j’étais certain, c’est que je ne devais pas rentrer les mains vides. J’ai envie d’en dire plus à Leif, de lui parler des tensions qu’il y avait au sein des autres clans, de l’agacement de notre milice, de ces Orcitans et de leur chef aussi séduisante que redoutable, même d’Enfys qui s’était fait des ennemis parmi l’assemblée… toutefois ça devrait attendre. Les rugissements de notre Agada se firent de plus en plus proche… mais ce n’était pas le seul cri que l’on pouvait percevoir… des hurlements d’hommes et de femmes… Je sens la respiration de la rouquine contre moi s’accélérer alors que nous survolions enfin cet immense navire ailé. « Il faut leur venir en aide ! », j’entends Enfys et je sais que son grand cœur et sa bonté la jetterais droit dans la gueule du loup, mais qu’elle serait satisfaite tant qu’elle pouvait faire sa bonne action dans le lot…Mais tout de même, quelle idée, sauver ses envahisseurs pff… et puis soudain, ses paroles prennent alors un tout autre sens collées à celles d’Eymrin.
« OK », commençais-je alors en évaluant ce qui se passait sous mes yeux. « On va en … sauver un » j’avais hésité sur le mot à employer. Le terme capturer n’aurait pas plus à la jolie rousse. Mais je jette tout de même un coup d’œil à mon frère. Lui, il me comprendrait tout de suite.
Nous étions les premiers sur la scène, à survoler cette zone de guerre. J’étais partagé entre la stupéfaction de notre ressemblance avec ces personnes et l’excitation d’être sur un champ de bataille. Mais ressentant l’étreinte de mon frère je me ressaisi et fixe alors un groupe de personne qui tente de s’éloigner de notre T-rex, les pointant du doigt pour que mes compagnons regardent le même objectif. Puis, il y a du mouvement autour de nous. Les montures Kavaliennes survolent à présent la clairière et tentent d’attirer l’attention d’Agada vers eux. Ce clan semblait être unis sous ce besoin incessant de venir en aide aux autres. Et puis soudain, venant du ciel, un faisceau lumineux éblouissant jailli et frappe de plein fouet notre tyrannosaure qui s’effondre dans un nuage de poussière avant de se relever et repartir dans la forêt. Choqué et surpris de ce qui venait de se passer, je lève la tête vers le ciel mais n’y voit rien, avant de finalement me dire qu’il faudrait profiter de cette poussière pour descendre sans risque et faire ce pourquoi nous étions venus. Avec cette arme des cieux, il nous fallait des réponses, et j’avais bien l’intention de les obtenir.
« Elle, la rousse qui essaie de se cacher sous ces débris… demande à ton reptile de l’attraper avec ses pattes ! » Mon ton était plus dur, j’étais agacé de ce qu’ils venaient de faire et je ne comptais pas rester jouer leur cible plus longtemps… On devait agir vite et repartir aussitôt…
Quand la jolie demoiselle semble se radoucir alors qu’elle me complimente à mon tour allant jusqu’à parler d’un travail d’équipe, je suis agréablement surpris et lui souris de plus belle. Finalement, elle me paraissait plus détendue, peut-être parce que le danger avait été écarté et qu’à présent elle pouvait enfin souffler. Les traits de son visage s’étaient eux aussi radoucis et le petit sourire qu’elle avait arboré lui allait plutôt bien. J’aurais pu lui faire la remarque, lui dire que ça l’embellissait, mais je n’en fis rien. D’abord parce que le moment n’était pas venu. Je devais présenter mes respects à mon feu adversaire. Mais surtout parce que j’avais peur que cela passe pour de la drague facile et qu’elle se mette à redevenir grincheuse, et ce serait fort dommageable. Je me risque ensuite à lui proposer une petite pause gastronomique afin de lui faire gouter un plat typique de chez moi. Il faut dire que le plat principal étant notre cher vélociraptor, cela pouvait en rebuter plus d’un mais qu’importe, moi j’aimais ça et je ne reculais jamais devant une occasion de faire découvrir mes traditions aux gens que je rencontrais. Et à mon grand étonnement, Princesse accepta. « Tu ne le regretteras pas ! » avais-je alors répondu, souriant et commençant ma petite préparation. C’était une habitude pour nous les guerriers Trikana, de cuisiner avec ce que la nature nous offrait. Lors de nos chasses ou de nos escapades avec mon frère Leif, c’était même devenu un jeu, une sorte de concours comme à l’habitude, pour savoir qui dépècerait mieux l’animal ou lui donnerait un meilleur goût. Il faut dire, que pratiquement tout pour nous, était un moyen de s’amuser !
J’avais donc commencé ma préparation, allant même jusqu’à ajouter quelques épices que j’avais récupéré à l’entrée de la grotte. Quand on savait où chercher, on se rendait compte que tout était à portée de main, qu’un petit buisson pouvait contenir des petites graines d’épices, qu’aux pieds d’un feuillage semblant dégarni se trouvaient des fruits au goût sucré. Bref, la nature savait être généreuse, mais il fallait être prudent car pour se défendre, elle pouvait aussi vous piéger avec ses feuilles irritantes ou ses fruits empoisonnés ! Quoi qu’il en soit, j’avais donc empalé les meilleurs morceaux du raptor dans un bout de bois afin de le faire griller sous le feu que la jolie demoiselle avait préparé. En me relevant, la miss se rapproche de moi et m’adresse la parole, se présentant à moi. Je lui sers alors la main qu’elle me tend, un large sourire aux lèvres. J’apprécie ses paroles et réalise que c’était ça aussi que j’aimais, faire la connaissance de nouvelles personnes. « C’est un plaisir de te connaitre Thëmesia, je suis Killian, du peuple Trikana comme tu as dû t’en douter. » Je fais une petite pause, relâchant sa main, avant de reprendre la parole « J’ai aussi profité de cette période de paix pour aller à la découverte de nouveaux paysages, de ces peuples, leurs cultures, bref, nous sommes tous deux des explorateurs alors ! » Je lui offre un petit sourire complice avant de la contempler des pieds à la tête, histoire d’appuyer mes propos « et toi aussi, tu es douée, je ne sais pas si tu as déjà eu l’occasion d’avoir un raptor comme adversaire, mais saches que pour un expert comme moi, tu as prouvé que tu étais une vraie combattante, et j’aime ça ! » Je sens les merveilleuses odeurs de la viande grillée envahir mes narines, alors je tape des mains et lui propose de commencer les festivités… « Alors fêtons notre rencontre avec ce repas, qu’en dis-tu !? ».
Une idée noire c’est puissant. Ça te rentre dans la tête, te fiche le cafard et tu ne peux plus t’en défaire. Tel un parasite qui boufferait tout ce qu’il y a de bon, pour ne laisser que de la noirceur. Et c’est ce qui m’arrive actuellement, déjà hier, cette sombre idée avait commencé à jaillir, murissant tout doucement jusqu’à envahir la totalité de mes pensées à présent. Je n’imaginais plus que de dramatiques scénarios où mon frère prendrait peu à peu ses distances avec moi. Où nos temps passé ensemble seraient raccourcis jusqu’à ne plus exister. Voilà à présent que je le voyais, sortant de la forge, Neissä dans ses bras et lorsqu’il me voit, c’est à peine s’il me fait un signe de la tête avant de poursuivre son chemin. Nous serons devenus deux étrangers. N’ayant plus de raisons pour se retrouver. Lui avançant dans sa vie, moi figé dans le passé. Je sens mon cœur se serrer davantage. Alors je ferme les yeux pour oublier ces idées. Je n’y arrive cependant pas. Et cette idée noire ne vit pas seule, elle se nourrit et se démultiplie. Et c’est au tour de sa sœur diabolique d’hanter mon esprit. Je vois une table et tout autour du monde, ça rigole, ça boit, ça rigole davantage. Il y a Leif aux côtés de Neissä, sa mère qui s’esclaffe aux côtés de Nemni. Et ce dernier qui se met à tapoter l’épaule de mon propre père. Je n’y ai plus ma place. Cette réunion de famille semble m’exclure davantage. Je veux me rapprocher de cette tablée mais je n’y parviens pas. Il y a une barrière invisible qui m’est infranchissable. Je lutte de toutes mes forces mais voilà que je suis emporté en arrière, aspiré par les méandres des ténèbres. Ces idées ont ravagé mon esprit, elles me dévorent tout entier… Et soudainement, la noirceur s’échappe de mon esprit, envahissant l’instant présent alors que je me sens suffoquer… le souffle coupé… Je rouvre les yeux sentant son poids m’écraser les poumons, je gigote et…
…et découvre Leif, avachit sur moi. « Oh frangin ! T'es là ? T’avais tellement l’air ailleurs que t’en ai presque devenu transparent » me dit-il souriant, continuant de prendre ses aises à moitié allongé sur moi. « Et toi, malgré tes pas de loup, t’es toujours aussi lourd qu’un ankylosaure… » Je ne le pousse pas pour autant, ce ne serait pas la première fois que je le suis servirai d’oreiller, d’autant plus que c’est justement sa proximité que je recherchais. « Tu pensais à qui pour être perdu aussi loin ? » « Tss tss tss, ce qui se passe au Royaume de Shiveh, reste au Royaume de Shiveh !» lui répondis-je alors, en laissant planer le doute sur la personne qui hantait mon esprit. Impossible de lui dire que c’était justement lui !
Même si avec Leif, je dis toujours ce que je pense -et inversement d’ailleurs, il ne se gêne jamais pour me dire ce qu’il a en tête- là, j’avais l’impression que c’était tellement stupide qu’il ne valait mieux pas étaler mes doutes devant lui, sachant qu’il était le premier concerné. J’avoue imaginer aussi, je ne sais pas trop pourquoi, que lui dire clairement ce que je redoutais, allait rendre ces idées réelles et que je ne pourrai plus revenir en arrière. Toutefois, plus je le regarde et plus je me trouve vraiment stupide. Moi qui cherchais à chasser l’obscurité par tous les moyens, voilà qu’en regardant Leif, un sourire sur ses lèvres, je réalise qu’il me suffisait de laisser tout simplement entrer la lumière. Et Leif agit sur moi, comme un soleil, il est celui qui dissipe ces sombres parasites. Puisqu’en le regardant, je me dis qu’il est impossible qu’il puisse un jour s’éloigner de moi de la sorte. Notre lien ne pouvait pas être rompu aussi facilement. Alors je laisse de nouveau tomber ma tête en arrière un large sourire aux lèvres, essayant de garder ce positif en tête.
« Dis, ça fait longtemps qu’on n’s’est pas fait un p’tit voyage ? » Longtemps pour moi, c’est subjectif. On aurait pu rentrer de voyage il y a deux jours, que cette durée m’aurait semblée longue et interminable. Enfin, ça dépend des situations, parce que deux journées en terre inconnue, c’est finalement trop court ! Oui voyez, mes notions de durée changent selon mes envies. Mais être en voyage avec Leif, c’est se retrouver à deux, courir, grimper aux arbres, faire les cons, se jeter dans l’eau, dormir à la belle étoile… Bref c’était être ensemble tout le temps. « J’ai envie de m’amuser… de faire la fête tu vois ! » pour ce dernier point je me redresse légèrement, m’appuyant sur le coude, je veux voir sa réaction.
Arrivent à la lisière de la forêt Face aux camps des Envahisseurs
Après avoir suivi l’élan de la garde volante, je m’étais aussi porté volontaire pour une quelconque mission en direction de ces envahisseurs, en désignant d’office ma petite écorcheuse comme ma partenaire. J’avais encore ma main sur sa tête, fixant mon chef dans l’espoir d’un signe d’approbation quand soudain, je me pris un coup de coude dans les côtes. Je la relâche aussitôt, mimant la douleur, bien que ce soit surtout la surprise de cette réaction, moi qui pensait que ça lui ferait plaisir de valider son envie d’escapade officiellement. Je la regarde alors me faire un petit clin d’œil et je souris, me disant qu’avec elle, j’allais en voir de toutes les couleurs. Je m’apprêtais à lui répondre quand l’imposante gouverneure des Orcitans prit enfin la parole, imposant le silence à toute l’assemblée. Et comme je m’en doutais avec ce peuple, ces paroles quelques peu acerbes, étaient pleines de menaces et sujettes à une guerre politique du passé dont je ne me souciais pas. Toutefois, elle avait commencé par insulter les Kàvallis, dont le chef restait encore en retrait… certainement sage de sa part pour ne pas envenimer les choses… mais… aîe… Enfys venait de m’empoigner le bras, serrant de plus en plus fort, tant sa colère devait monter en elle. C’est qu’elle semblait petite et fragile ma petite guérisseuse personnelle, mais il fallait se méfier des apparences, parce qu’elle dissimulait en elle une force insoupçonnable.
« Retiens-moi ou je te jure que je vais lui planter une dague dans le dos. » Cracha-t-elle dans un murmure des plus enragés. Et à moins de vouloir ressortir d’ici couvert de bleus, il fallait que je la calme en lui murmurant quelques mots. « Fy’ n’y prêtes pas attention, je te l’ai déjà expliqué quand on s’entraînait, c’est une technique de déstabilisation de l’adversaire. Elle semble jouer de cette provocation pour vous faire réagir » Bon, en général, c’est en zone de combat qu’on l’employait, mais avec les Orcitàns, il semblait qu’ils n’avaient toujours pas quitté leur état d’esprit guerrier… « Si nous agissons maintenant, nous éviterons toute éventuelle trahison de l'un(e) des nôtres. J'appelle donc à les massacrer jusqu'au dernier ! Immédiatement ! LA GUERRE TOTALE ! » … qu’est-ce que je disais ! Souriant, à cette foule brandissant leur arme en l’air, je me disais qu’ils devaient être de sacrés adversaires à combattre, j’aimais ça chez eux.
Heureusement pour nous, mon Ma Agada Otaii savait calmer les choses. Je regardais d’un œil Feytorn et sa milice, me demandant si lui, aurait eu autant de tact et diplomatie pour réussir à calmer une assemblée aussi bouillonnante. Lorsqu’il évoqua le fait que nous soyons en première ligne et que nous devions protéger les nôtres, j’eu tout de suite le cœur serré, considérant à présent l’ampleur de ces évènements. Oui j’aimais faire des découvertes, ça m’amusait, cet oiseau de fer m’intriguait, mais hors de question que ce soit au péril des miens. Je prenais compte du sérieux de cette situation acquiesçant ses propos. Puis il conclu en nous informant que notre T-rex avait commencé à faire connaissance avec ces étrangers. Au moins, ça me confirmait qu’ils ne pouvaient communiquer avec nos bêtes, et ça, ça me rassurait. Ainsi donc, mon chef avait réussi à calmer les esprits et même ma petite entailleuse semblait apaisée, me disant d’un air un peu plus joyeux, que notre envie d’escapade devait une mission officielle. Plus personne n’avait reprit la parole pour repartir dans des guerres politiques et tous, s’affairaient à prendre le départ.
Je remarquai mon chef qui s’approchait, et ma petite Enfys qui m’informa m’attendre à l’extérieur. Je lui fais un signe de la tête avant de me regrouper, avec les miens autour de mon chef. Il nous recommanda de garder notre sang froid et notre vigilance pour être prêt à toute éventualité. Après quoi, nous nous divisâmes en groupe, chacun ayant sa mission en tête. A mon tour, je m’empressai de sortir de la grotte, me demandant comment allait Enfys avec tous ces Orcitànes qui semblaient vouloir s’en prendre à elle. Et finalement, pas de chahut à l’extérieur, au contraire la foule semblait plutôt excitée de ce départ. Je remarquai mon chef qui se rapprochait de la gouverneure et d’autres membres de mon clan qui indiquait le chemin à prendre à tous ces peuples différents. De les voir tous mélangés ainsi, prêts de leur monture, ne me déplaisait pas, mais l’heure était grave et je ne pouvais me permettre d’aller saluer ces visages que je reconnaissais, tant chez les Naatù que les Rajàhor. J’avançai donc vers ma guérisseuse avant de faire un signe de la main à Anrlë pour la saluer alors qu’elle affairait Echo. J’espère qu’elle sera bien accompagnée par l’un des nôtres, être à deux c’était toujours mieux. De mon côté, je me mets à caresser le lézard avant de monter sur lui.
« Accroche toi à ma taille, et par pitié, ne tombe pas. Je n’ai pas envie de devoir ramasser tes restes.» Souriant je grimpe derrière elle, prenant soin de bien me serrer contre elle et de resserrer mon bras autour de sa fine taille. « Si tu ne m’afflige pas de coup de coude, ça devrait le faire »
C’est parti pour le grand vol. J’avais déjà eu le privilège de voyager avec elle, à dos de son reptile, mais cette fois-ci, ce n’était pas pour une partie de plaisir… Quoi que… A y réfléchir, être collé ainsi contre cette jolie créature n’était pas déplaisant. Et, non, je ne parle pas du reptile volant, mais bien de cette petite tête rousse devant moi. D’ailleurs avec le vent et notre envolée, quelques-unes de ses mèches venaient chatouiller mon visage et je pouvais en sentir un doux parfum de fleurs. Oui j’en profite et alors ! Je n’en reste pas moins concentré sur notre mission, puisqu’alors que nous survolions la dense forêt, je lui indiquais donc la direction à prendre, d’un simple signe de la main.
Puis, alors que nous approchions de la lisière, je rapproche ma tête du creux de son épaule pour qu’elle m’entende bien. « Là, regardes, à la cime de ces arbres » Bras tendu vers l’objectif, je lui désignais les quelques sentinelles du jour, restées en observation. « Dirige-toi vers cet arbre-là » un peu en retrait, je remarquai une silhouette plus que familière que j’avais laissé en retrait ce matin. « C’est mon frère, Leif ! On le récupère » Lui dis-je d’un air enjoué avant de reprendre, un ton plus taquin. « Je sais que tu voulais me garder, rien que pour toi, mais on se rattrapera une autre fois ! »
Excité de retrouver mon compagnon de toujours, j’avais alors agrémenté la fin de mon discours par un petit bisou sur la joue de ma petite Kàvalienne, resserrant toutefois ma prise autour de sa taille pour qu’elle ne se mette pas à m’éjecter de son animal. Je prenais des risques, mais au fond, j’aimais ça. Après quoi, une fois rapproché des branches où il se tenait, je tendais une main vers Leif pour qu’il monte à son tour.
Like branches on a tree we grow in different directions yet our roots remain as one ({@=40}Leif{/@})
Il y a 2 ans
Le soleil commença sa course dans le ciel quand je me décidai à rejoindre mon père à son entraînement matinal. Plusieurs jeunes avaient déjà commencé à se mouvoir dans le cercle, maniant l’épée avec beaucoup de précision, répétant les gestes qu’ils avaient appris. A mon arrivée, ils s’arrêtent sous les rires de mon père excité qui savait qu’un duel acharné allait commencer. Habituellement, j’aurais crié quelques mots acerbes à cette troupe pour les titiller et faire ressortir leur rage de me vaincre. Mais ce matin, j’avais la gorge nouée et ne fit qu’un simple signe à ce jeune garçon blondinet qui voulait m’affronter. Alors je m’équipais, prenant ensuite une épée, bien que la hache soit mon arme préférée mais pour ce genre d’entraînement il fallait y aller en douceur. Le petit Hans chargea le premier abattant son épée à quelques centimètres de moi, il était énergique et semblait vouloir multiplier ses chances de me toucher en préférant la vitesse plutôt que la précision. Je parai le second coup avec mon bouclier et donna un coup d’épée en direction des jambes de mon adversaire. C’était sans compter sur son agilité puisqu’il sauta pour éviter mon arme tout en me poussant et me faisant reculer sur plusieurs mètres. J’entendais les encouragements de la foule ce qui me fit réagir, me jetant alors sur Hans et le frappant au buste, puis en le contournant je le frappai dans le dos. Bousculé, il se retourna néanmoins rapidement prêt à en découdre de nouveau. Je ne lui laisse pas le temps et lui donne un coup de bouclier dans le visage lui faisant perdre l’équilibre. Hans se dirigea alors vers la foule pour inciter plus d’encouragements et revint un large sourire aux lèvres. Nous entamions alors une danse acharnée sous le son de nos boucliers s’entrechoquant, faisant claquer nos épées. Les secondes s’étirèrent sous les hurlements alentours et Hans, comme transcendé, me frappa aux jambes avant de me pousser sur le sol et me surplomber de sa hauteur tout en posant la pointe de son épée sur ma poitrine, il était vainqueur. La foule applaudit et je reconnus ma défaite, m’apprêtant à attraper sa main qu’il tendait vers moi pour me relever avant qu’il ne se fasse bousculer par une géante masse qui se jeta sur moi.
C’était mon père en mode furie qui m’avait repoussé sur le sol, m’agrippant par le col avant de rapprocher son visage du mien. « Qu’est-ce que c’était que ça… hmm… tes gestes manquaient de passion et de rage… ton esprit n’était pas là… TU n’étais pas là… » Me sermonna-t-il sans me laisser la moindre chance d’ouvrir la bouche. Et le connaissant, il ne valait mieux pas l’interrompre tout de suite, ses questions n’attendant aucunes réponses sur l’instant. Je devais l’écouter en ravalant ma fierté. « Je n’ai pas le temps de m’occuper de tes états d’âmes Killi, j’ai une douzaine de jeunes, motivés et enthousiastes, à entraîner… alors ressaisi-toi, mais fais-le hors de ma vue ! » Il me relâcha avant de se relever et me tendre la main pour que je le suive à mon tour. Après quoi il alla féliciter Hans. De mon côté, je savais qu’il avait raison, ce n’était pas le moi habituel qui était entré dans l’arène, alors je reposais épée et bouclier avant de sortir du cercle et m’éloigner de cette petite assemblée. Je n’aimais pas décevoir mon père et d’habitude je n’aimais pas perdre non plus. Mais là, c’était comme si cela n’avait plus aucune importance. Je décide alors d’aller m’allonger sur les tapis et autres tissus posés sur la place centrale où nous nous réunissions pour écouter des histoires au coin du feu. C’était désert et j’avais besoin d’un peu de calme pour rassembler mes esprits.
Fixant le ciel je repensais à ce qui avait été la source de mes petits tracas. Il s’agissait de quelques mots qu’avaient prononcé mon père la veille au soir. Une phrase si anodine qui pourtant m’avait marquée au plus profond de mon âme sans que je ne m’en aperçoive. Après avoir discuté des dernières histoires du camp, il avait reparlé de sa discussion avec son ami Nemni. Il riait et buvait tout en m’annonçant sans le moindre avertissement qu’ils n’attendaient qu’une chose, que leurs enfants arrêtent de se tourner autour, pour qu’ils se marient et commencent enfin à leur donner des petits enfants. Sur le coup, j’avais ri avec lui, avant de réaliser qu’il parlait de Leif et Neissâ. Se marier. Avoir des enfants. Soudain je réalise à quel point c’était en effet sérieux entre mon frère et la jolie fille du forgeron. Ils se fréquentaient depuis des années maintenant mais je n’y avais pas prêté plus d’attention que cela. Pourtant je sais bien qu’il ne s’agissait pas d’un simple flirt, qu’ils n’étaient plus des gamins qui s’amusaient à traîner ensemble… Alors tout doucement, j’avais senti mon cœur se serrer, ma gorge se nouer et il ne me fallu pas longtemps pour regagner ma couche. J’étais pourtant incapable de dormir, me tordant dans tous les sens au fond de mon lit, ces mots me tenaient éveillé, comme agacé. Pourtant je n’avais aucune raison d’être furieux, réaliser que mon frère était profondément amoureux et avait trouvé la femme qui allait finir ses jours auprès de lui ne pouvait que me réjouir. Mais sur le coup, cela ne me provoqua aucune joie. La nuit avait donc été longue pour moi. Mais je n’avais apparemment pas réussi à chasser ces idées puisque me revoilà, fixant le ciel, à me demander pourquoi j’étais tant troublé par cette phrase.
Au fond je le savais. Plus je réalisai que c’était sérieux avec Neiss’, qu’il finirait sa vie avec elle, plus je me disais qu’il allait devoir me quitter, moi. Et je crois bien que c’était ça qui avait obscurcit mon esprit. Nous étions toujours ensemble. Toujours. Depuis notre plus jeune âge, d’abord meilleurs amis puis frères. Rien ne pouvait nous séparer à part la mort. Rien. Finalement si. En soi, c’était normal et je ne suis pas bête, je savais bien qu’un jour nous devrions fonder nos propres familles, chacun de notre côté. Mais pour moi c’était si lointain. Je nous imaginais plus vieux, les traits de nos visages tirés par les années à se battre. Nous serions rentrés d’un de nos nombreux voyages et aurions décidé d’enfin nous poser, retrouvant nos racines. Mais finalement cela arrivait beaucoup plus tôt que prévu. C’est vrai qu’ils avaient emménagés ensemble. Ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille, mais pour moi, ça ne changeait pas grand-chose puisque, même si nous étions frères, Leif vivait chez sa mère alors ça me paraissait normal qu’on se sépare la nuit tombée… Mais vivre ensemble pour un couple c’est pratiquement se lier pour la vie. Alors je réalisai qu’il ne me restait que très peu de temps à ses côtés. Moi qui nous voyait encore comme deux gamins, à toujours se chamailler pour un rien, à rester l’un fourrer avec l’autre. Ça allait donc prendre fin. Alors oui, il nous arrivait d’avoir du temps pour soi, l’un sans l’autre, comme lorsque je persistai à vouloir m’entraîner et que lui allait travailler ou flirter avec elle. Mais on se retrouvait toujours pour rattraper le peu de temps qui nous avait séparé. Cependant, un homme marié devait se vouer totalement à son couple, à son foyer. Rester auprès de sa femme. Alors finalement, ces quelques heures où il était loin de moi deviendraient des jours voir plus. Je soupire doucement pour calmer les battements de mon cœur. Bon sang, quel gamin égoïste je suis. Je devrais plutôt me réjouir pour lui…
Je réalise que je m’amuse bien et je prends même un certain plaisir à taquiner la jolie brune. Si les raptors sont mes adversaires préférés, j’apprécie tout de même ceux qui peuvent répliquer à mes petites provocations, c’est toujours plus distrayant de les combattre de la sorte, de voir leur réaction et de tester les miennes en retour. Bien que pour ce cas présent, je n’ai aucunement l’intention de m’en prendre à cette princesse épéiste, du moins, sauf si après s’être occupé de notre ami reptilien, elle souhaite s’amuser à un autre exercice… auquel cas, je ne dirais pas non. Du coup, après m’avoir repoussé, l’animal semble être attiré par la demoiselle, c’est qu’il a bon goût, j’avoue que sa chair doit être meilleure que la mienne, bon attention faut savoir que je n’ai jamais goûté à proprement parler à la chair humaine, bien qu’il me soit arrivé de mordiller quelques jolies demoiselles lors d’ébats plutôt sauvages mais je ne compte pas tester le cannibalisme pour autant. Je me dis juste que rien qu’en embrassant et léchant le cou d’une personne, on pouvait en sentir les saveurs parfois sucré, fruité voir acidulé qu’elle pouvait avoir et qu’en général, une femme avait de meilleures senteurs qu’un homme.
Bref, mes pensées m’égarent quelque peu. Quoi qu’il en soit, la jolie fille ne semble pas apprécier mon humour et ne se cache pas pour me le faire savoir. Entre ces paroles acerbes un peu plus tôt et sa réplique à l’instant, elle me semble être une dure à cuire, quelqu’un d’intrépide et qui allait certainement résister à mon charme et charisme inné et ça représentait un défi qui me plaisait. Je la regarde donc se mouvoir lentement dans cette danse où les adversaires semblent se jauger, quand soudain elle prend l’initiative d’attaquer la première enfonçant ses lames profondément dans la chair du raptor qui s’effondre au sol. Rangeant aussitôt mes lames, je me mets alors à applaudir quelque peu, elle avait prouvé qu’elle était une digne combattante et j’aimais ça. « Joli coup » commençais-je avant de m’agenouiller près de l’animal et de lui fermer les paupières après lui avoir caressé le museau. Il avait bien combattu et avait été courageux de me poursuivre en ces lieux sans être entouré de sa meute. Je relève ensuite la tête vers la princesse posant mes yeux azurs dans les siens un léger sourire aux lèvres. « Tu as faim ? Parce que je connais un plat délicieux avec l’ingrédient que tu viens de mettre à terre » Pas sûr qu’elle accepte mais c’était mon devoir de tenter le coup, sachant que le raptor venait de se sacrifier et qu’au vu de ce refuge de fortune, la demoiselle devait être en voyage et qu’elle devait certainement être affamée. Je me relève et regarde la peau de bête sur le sol… je l’avais dérangé de son sommeil, ça devait expliqué son air grincheux… à moins que pour ce point, ce soit naturel chez elle.
Je venais donc de chuchoter à Enfys que je serais bien allé à dos de son lézard volant pour assister à l’accueil de mon cher tyrannosaure, mais ça n’avait pas l’air de lui plaire. J’avoue que dit comme ça, on pouvait croire que je voulais assister à la mort de ces nouveaux êtres avec juste une envie de sang, mais c’était plus que ça, je voulais voir s’ils en avaient peur, s’ils connaissaient nos animaux et quelle serait leur défense. Du coup, sa réplique me fit doucement sourire, de toute façon, à ses yeux, je passais déjà pour un sauvage, alors je n’étais plus à ça près. « Oh, oui c’est vrai ! Quel spectacle divertissant que de voir des Hommes se faire démembrer… Ou avais-je la tête ? Parfois je me demande si vous autres les Trikana avez réellement qu’une once de sentiment sous vos armures. » Je pose une main sur ma poitrine, en faisant une petite moue triste, pour faire mine qu’elle venait de me briser le cœur… puis une voie familière se fit entendre… Eirin. Je me retourne alors pour la regarder. Je me disais que pour le peu que je l’avais entendu parler, c’était pour proférer des menaces, alors j’étais assez surpris de cet entrain soudain. Je l’écoute, et je me dis que c’est vrai… voir leur réaction face à mon petit T-rex c’était quelque chose que l’on espérait découvrir, en revanche, je voyais bien là nos avis diverger quand elle s’est mise à parler de kidnapper mon dinosaure préféré, ou de s’en débarrasser. Namého elle est pas sérieuse… pas touche quoi ! J’avais froncé les sourcils à sa remarque et tentais à présent de capter le regard des personnes autour de nous, histoire de voir qui serait de son avis et voudrait s’en prendre nos bêtes. Mais c’était surtout de la surprise et parfois de la stupeur que je percevais. Puis mon regard tomba sur la douce Anrlë qui elle, ne semblait pas très à l’aise, certainement dû à l’évocation du Tyrannosaure et de ce que cela pouvait représenter pour elle. Cette conversation ne devait pas être très rassurante pour elle. Puis mon attention fut retenue par l’imposant Sandor qui avait répondu que l’animal n’était pas notre priorité. Encore heureux. Il s’adresse ensuite à ma petite écorcheuse avec une once de taquinerie pour lui dire en gros, qu’elle ne devait pas voir le bien partout. Mais avec une pacifiste pareille, ça ne servirait à rien, puisque pour elle, jusqu’à preuve du contraire, toute âme vivante était pure et douée de bonnes intentions. Moi, ce n’est pas le dialogue que je voulais tout de suite… de savoir qu’ils avaient pénétrés nos terres ne me disait rien qui vaille.
Et tel un match de lancer de haches, ma tête tournait de gauche à droite pour suivre à présent le Guérisseur, qui, comme à chacune de ses interventions, semblait vouloir tempérer les choses. J’avais bien aimé sa dernière phrase, l’air de rien il était aussi stratège que moi et ça me plaisait. Le spectacle continuait avec cette fois-ci ma petite rouquine qui avait repris la parole, voulant une fois de plus nous faire savoir quelle resterait sur sa ligne de conduite. Je lui souris et la vis revenir vers moi, sur le coup, j’avais compressé mes abdos, prêt à recevoir un coup sur le torse, mais elle n’en fit rien, se mettant au contraire sur la pointe des pieds rapprochant son visage du mien… et non… pas de bisou sur la joue -pas de bisou tout court d’ailleurs-, c’était juste pour me susurrer quelques mots doux à l’oreille… ou pas. « Quoiqu’il arrive, Killian, je ne laisserai pas ces gens mourir pendant que nous parlons. Aide-moi si tu veux, ou reste avec ton clan. C’est ton choix. » Elle doit plaisanter mais je la regarde et constate qu’elle est bel et bien sérieuse. Mais dans quel pétrin va-t-elle encore me mettre cette petite folle. Et me donner le choix de la laisser seule face au danger ou de manquer de respect à mon chef c’était trop facile comme ultimatum ! A mon tour je me rapproche d’elle tout en me baissant légèrement puis, passant ma main sur sa nuque pour coller sa joue contre la mienne, je lui chuchote tout doucement
« Tss tss tss calme-toi et attends un peu » commençais-je pour calmer ses ardeurs « Tu le sais très bien que je ne t’abandonnerai pas mais faisons-le à ma façon. Hors de question de se faufiler hors d’ici comme des traitres, laisse moi l’occasion d’en toucher deux mots à mon chef, ok »
En terminant sur ces mots, j’avais à présent mes deux mains sur ses joues pour qu’elle regarde dans mes yeux et sache que j’étais moi aussi sérieux et surtout, qu’elle avait mon soutien. Je tape alors un petit coup de front sur le sien avant de me redresser pour conclure. J’attendais sa réaction avant de bouger. Mais il était certain que j’irais voir mon Ma Agada Otaii avant de sortir d’ici. J’avais acquis un certain degré de liberté depuis de nombreuses années mais cela avait été permis grâce à mon entière dévotion pour mon peuple, tout le monde chez moi savait que tout ce que j’entreprenais était pour le bien de mon peuple, et c’est pourquoi on me laissait agir à ma guise.
Puis une autre voix s’éveilla au fond de l’assemblée où une jolie créature s’était frayé un passage pour s’exprimer à son tour. « Et si on en capturait un … On capture l'un de ces envahisseurs et on le fait parler ! On sera tout de suite fixés ! On saura d'où ils viennent, qui ils sont et ce qu'ils veulent»Et bien, elle était aussi ravissante qu’intelligente. « Oh bien sûr, nul besoin de dague ou de flèches pour ça ! Nous, peuple Rajàhor avons ce qu'il faut pour vous faire avouer vos secrets les plus... inavouables ! » Une fille du désert, je m’en doutais à sa tenue et quand elle fait mention de ses petites concoctions qui est bien propre à son clan, ça me fait frissonner d’excitation… mais par contre, hors de question de ne pas avoir le plaisir d’en venir aux mains, obtenir des informations en toute facilité n’avait rien d’amusant mais bon… pour le capturer tous les moyens pouvaient être adoptés... à voir. Puis, comme à chaque fois, une nouvelle intervention venait contrebalancer les choses, afin de remettre un peu d’équilibre dans notre débat et c’était la douce garde volante des montagnes qui s’en était chargé. Elle avait établi le fait qu’en se sentant menacé par le dinosaure, ces envahisseurs verraient en tout animal une hostilité à affronter et que cela viendrait à perturber l’équilibre de nos terres. Elle n’avait pas tort, mais on se devait d’agir, de se décider pour satisfaire la majorité. Quant à savoir ce qu’il se passait, du côté de l’oiseau de fer, nous avions encore plusieurs sentinelles prêtes à venir faire leur rapport sous peu. La jolie brune s’était ensuite portée volontaire pour cette mission qui n’allait certainement pas tarder à être validée par les chefs de clan avant de finir sur le fait qu’il ne fallait pas se voiler la face et que nous devions être prêts à affronter le sang et la mort. Pour ce dernier point et comme tout bon guerrier, j’étais prêts et c’était au contraire une sorte de motivation pour moi. Ses paroles ne m’étonnaient pas d’elle et la représentaient plutôt bien. J’avais eu l’occasion d’avoir de nombreuses discussions avec Anrlë et elle me confirmait là qu’elle était digne de confiance, à toujours garder une même ligne de conduite, droite et franche. Et du coup, j’en profite pour prendre la parole pendant qu’un léger calme s’impose afin de glisser notre envie pressante à Enfys et moi d’avoir un peu d’action. Mon regard se pose alors sur mon chef alors que je glisse un petit mot à l’assemblée.
« Si vous décidez d’envoyer un groupe pour cette mission de capture, ou autre d’ailleurs, je me porte aussi volontaire et pour être plus rapide et alerte, j’irais aussi par les airs, avec elle » avais-je alors dit, appuyant mon geste en portant ma main sur la tête rousse d’Enfys.
C’était plus logique, un membre pour guider sa bête volante, un autre à l’arrière pour agir… ou se battre si nécessaire. Et ça, c’était de ma catégorie. Bon, voilà qui allait certainement faire agir les chefs à prendre la parole et enfin nous donner une directive sur les choses à venir…
A ne pas vouloir attaquer le Stégosaure sans raison, je m’étais retrouvé au final, traqué moi-même par un vélociraptor. Comme quoi, la nature arrivait toujours à équilibrer les choses, me laissant semer les uns, -parce qu’ils sont végétivores et innocents- ; pour me faire affronter un autre, -parce qu’il est carnivore et mon perpétuel fervent adversaire. J’avançais donc dans la grotte, me préparant à l’affronter. Je connaissais bien ses galeries, les ayant parcouru des milliers de fois depuis mon plus jeune âge et même s’il on pourrait croire que cet endroit ne serait pas à mon avantage, de par son étroitesse, j’avais pourtant conscience de toutes les possibilités que m’offraient ces cavités rocheuses et je comptais bien m’en servir. Ce que je n’avais pas prévu par contre, c’est de ne pas m’y retrouver seul. Voilà qu’une jeune femme se relevait derrière moi, brandissant une épée avant de se mettre en garde à mes côtés. « Tu as de la chance que je tienne à ma vie ! Je vais t'aider à arranger la merde dans laquelle tu viens de nous foutre, ensuite c'est chacun sa route ok ! J'espère franchement que tu es plus doué au combat que dans l'art de la chasse ! » Cette étrange créature avait un débit auquel je ne m’étais pas préparé mais ses paroles acerbes avaient eu pour effet de dessiner un léger sourire sur le coin de mes lèvres. C’est qu’elle en avait du caractère celle-là. « Alors regarde-moi bien, princesse »
C’est alors que le raptor fit son entrée. Et comme il était seul, n’ayant pas ses comparses pour nous tenir en embuscade de chaque côté, il s’était arrêté pour jauger ses adversaires. Ces bêtes-là étaient dotées d’une intelligence remarquable. Et lorsque ses yeux perçants se posèrent sur moi, j’ai tout de suite compris, qu’au-delà du sang que j’avais sur mes vêtements, c’était une autre odeur qu’il reconnut. Il faut dire qu’entre ces carnivores et mon clan, c’était une grande histoire d’amour. Si on ne se mettaient pas à leur arracher leur griffes par simple désir de prouver notre force au passage à l’âge adulte, on s’en prenaient à eux pour en faire un ragoût. Autant dire qu’il avait de quoi ressentir ma joie et mon empressement de l’affronter. C’est sans doute pour cela qu’il se précipita vers moi, prêt à en découdre. Et je n’ai pas besoin de vous préciser que moi aussi, j’étais fin prêt ! Lorsqu’il arriva à ma hauteur je me baissais, m’élançant vers ses pattes arrières pour les taillader de mes lames. Il lui était à présent impossible de se servir de sa griffe rétractile qu’il possédait sur le doigt du milieu de chaque pattes arrière. Aujourd’hui, je n’avais aucune utilité de les lui arracher. Je préférais alléger ses souffrances.
Dé ECHEC : Je décide alors d’en finir avec le raptor en lui assénant un coup fatal, histoire de l’envoyer rapidement dans le monde des morts et aussi, parce qu’impressionner la voyageuse aux paroles acides serait un petit plus. Pour se faire, j’esquive d’abord la contre-attaque du reptile, reculant brutalement pour ne pas me prendre son coup de queue. Je m’abaisse ensuite, faisant un tour sur moi-même pour me retrouver face à sa grande gueule ouverte et ainsi porter une attaque de mes deux lames sur son cou, mais c’était sans compter sur sa volonté de vivre, puisque cette guerrière aux dents lacérées m’avait repoussé de ses pattes avant pour m’empêcher d’enfoncer mes couteaux. Sautant en arrière, elle décida ensuite d’aller s’attaquer à Princesse, au risque de se prendre un coup d’épée par cette dernière. «Oh, je crois qu’elle a un faible pour toi »
Dé REUSSITE : Je décide alors d’en finir avec le raptor en lui assénant un coup fatal, histoire de l’envoyer rapidement dans le monde des morts et aussi, parce qu’impressionner la voyageuse aux paroles acides serait un petit plus. Pour se faire, j’esquive d’abord la contre-attaque du reptile, reculant brutalement pour ne pas me prendre son coup de queue. Je m’abaisse ensuite, faisant un tour sur moi-même pour me retrouver face à sa grande gueule ouverte et ainsi porter une attaque de mes deux lames sur son cou, les enfonçant fortement faisant ainsi tomber la bête à terre. Je reprends mes lames, les essuyant sur mes vêtements pour en retirer le sang, pose une main sur l’animal pour lui caresser la tête et lui refermer les yeux. Qu’elle repose en paix. Me relevant, je regarde l’inconnue et lui sourit «Oh, tu voulais peut-être que je la partage avec toi ? »
Depuis la signature du traité de paix des clans il y a dix ans, j’avais énormément voyagé sur les nombreuses terres nous entourant. Cette soudaine liberté avait pu assouvir ma soif de connaissance et de nouveautés. Au-delà même de mes envies d’apprendre les techniques de combats de mes anciens ennemis, avec qui j’ai pu m’entraîner, me battre à leur côté également le temps d’une alliance commune face à un danger fortuit, j’ai aussi pu découvrir leurs coutumes, leur façon de penser et nouer quelques liens solides par la même occasion. Mais ce que je pouvais en déduire pour la plupart, c’est à quel point leur base était solide pour certain, et il y régnait une certaine unité dans leurs esprits. Les dernières interventions des Orcitàns confirmaient leur volonté de fer, d’en découdre avec ces potentiels nouveaux ennemis. Quant à Brënnà, elle s’ajustait à son tour avec le calme de ses compatriotes pacifistes Kàvalliens. Je les écoutais, toujours aux côtés de ma petite déchiqueteuse et me disait qu’au moins, même si l’unité de mes frères était à discuter, nous nous accordions sur une chose : attendre l’intervention de notre chef avec ce sentiment de respect de la hiérarchie. Difficile à croire au vu de nos antécédents ainsi que des récentes rumeurs tournant autour de notre chef de la milice, mais je voyais bien leur regard impatient d’en découdre, et pourtant bon nombre d’entre eux se retenaient d’intervenir. Et en figure d’autorité, voilà que Sarina, la Gouverneure de Menethíl avait fait son entrée. Avec mon chef et le vieux sage, une ligne de conduite allait sans doute en ressortir.
Un Rajàhor s’était mis à son tour, à donner son avis sur la question. Ses paroles s’accordaient avec les miennes. Il nous fallait être prudents et stratèges. Je comprenais le ressenti de ceux qui avaient l’esprit bouillonnant, je sentais moi aussi, le désir de combattre jaillir au fond de moi. Comme tout guerrier, avant un combat, je canalisais mes émotions destructrices comme la rage ou la haine et ce, afin de débarrasser mon être de toute forme de faiblesse afin de n’être qu’un pur concentré de force brute, prêt à combattre et déverser ma colère ravageuse sur mes ennemis. Pour autant, j’appréciais toujours au préalable, avoir en tête des tactiques élaborées, avoir des plans d’actions couvrant les multitudes de possibilités qui s’offraient à moi sous l’action. Je voulais être prêt et foncer tête baissée face à un ennemi de cette envergure ne me plaisait pas. C’est alors que mon chef pris la parole, je sentais un certain apaisement parmi mes frères d’armes mais en même temps, une autre tension naissait, du fait des paroles qu’il allait prononcer. En silence, le regard fixé sur notre Ma Agada Otaii, nous écoutions ses paroles. Au fur et a mesure, un sourire se dessinait sur mes lèvres. « C'est pourquoi, en ce moment même, un Tyrannosaure se dirige vers eux. Autant attiré par la curiosité que par la faim, il saura sans aucun doute nous fournir les réponses dont nous avons besoin concernant leur nombre et leur moyens de riposte, tout en limitant nos pertes. Un accueil des plus agréable les attend...» Eymrin avait conclu d’une manière à faire sourire fièrement notre clan. Moi qui me laissait guider par mes Dieux, cette information ne faisait qu’accroître ma satisfaction. Tapotant du coude la petite tête rousse à mes côtés, je lui murmure alors « J’aurais trop voulu voir cet accueil de plus près » avais-je commencé, imaginant comment ces nouveaux êtres pouvaient contre-attaquer. Peut-être étaient-ils de grands guerriers, habitués à dompter nos créatures ou qu’au contraire, ils n’en avais jamais connu l’existence… Mais voir leur réaction face au T-rex pouvait nous en apprendre davantage sur eux, comme l’avait suggéré mon chef. Les sentinelles allaient sans aucun doute nous rapporter le moindre détail de cet affrontement, mais le voir de mes propres yeux me démangeait et en quelque sorte, me cédait une légère frustration que de devoir rester là… « On aurait été à dos de ton lézard volant… mais pas sûr qu’on puisse sortir inaperçu par contre, dommage ! » Je disais ça, mais en même temps, je serais certain de participer à l’élaboration d’un plan d’attaque auprès de mon clan, encore une fois, je sens mon être se diviser entre deux sentiments différents… Comme toujours.
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