Les prémices du printemps avaient fait fondre la glace sur le lac. L'eau turquoise venait de refaire son apparition, Anrlë observait l'étendue d'eau, assise au bord, ses genoux tenus par ses bras, le sourire aux lèvres, un regard lointain, emporter dans ses souvenirs. Un instant de paix, tandis qu'Écho, s'évertuait d'attraper des poissons avec son bec, avant de remonter vers les cieux. Il lui offrait des belles pirouettes en spectacle. Soufflant un grand coup, elle aimait passer son temps libre en solitaire, ou bien avec sa grand-mère à aller observer les dinosaures volants libres de la présence des hommes. Mais là, l'envie de voir le lac l'avait prise au petit matin, aucune mission pour elle, il luifallait donc en profiter en maximum.
Une fois, la pêche finie, Écho vint à la rejoindre, venant à emmêler son grand bec dans la chevelure de sa meilleure amie. D'un éclat de rire, Anrlë vint à souligner qu'elle aimerait éviter que ses cheveux sentent le poisson. Ils étaient bien là que tous les deux, sans personnes pour les déranger, une pensée qui lui traversa l'esprit avant d'assister à une scène étrange.
Un ptéranodon, plus petit qu'Echo s'engouffrait à grande vitesse dans la direction du passage d'Axaenë. D'un seul coup d'oeil, elle remarquait son comportement étrange, celui de faire des pics vers le bas et remonter. Le passage était fort dangereux, pour sûr, et très emprunté pour simple raison qu'il faisait rejoindre la forêt au désert. Se levant d'un bond, elle monta sur Echo et lui demanda de rejoindre l'autre être volant. À l'envol, son corps se retrouva collé contre le dos de son partenaire et là, ils s'élancèrent dans les airs à grande vitesse, arrivant très vite au passage sinueux. Là, elle retrouva la trace du ptéranodon affolée, mais ce qui la fit véritablement passer à l'action fut de voir qu'une humaine se retrouvait à être la proie de la peur du dinosaure.
S'approchant de lui, Echo vint à le repousser légèrement, Anrlë ne voulait pas lui faire de mal, seulement le pousser à partir. Ce qu'il finit par faire. Demandant à Echo de se poser, elle descendit de son dos et allant en direction de la jeune femme. Jamais, elle ne l'avait vu auparavant, mais une seule évidence lui venait à l'esprit, il ne faisait pas partie du clan des montagnes. Lui tendant la main, pour l'aider à se relever, elle lui demanda :
- Tout va bien ? Echo non loin d'elle, restait en alerte, poussant encore plus Anrlë à observer les horizons. Une chose a dû l'effrayer, mais je ne vois pas quoi !
La forêt retrouvait l’éclat de toute sa splendeur passé, une perspective qui laissait un arrière-gout d’allégresse pour tous ceux qui furent prisonnier dans ses entrailles, perdu dans son obscurité. Finalement, après des semaines de tortures, les dernières neiges de cet hiver glacial avaient enfin fondu, chassées par les douces températures des journées qui s’allongeaient. Le cauchemar avait enfin pris fin. Cela faisait des lunes que Grïve rêvait de sentir à nouveau le soleil caresser sa joue, de sentir autre chose qu’un froid mordant. Tout devenait plus dangereux durant l’hiver, les carnivores étaient plus téméraires, à l’image des dissidents qui rêvaient de remplir leur estomac et que dire des abris qui se faisaient plus précaires… Tout ce petit groupe redoutait toujours cette saison, trop de risque, trop de mort inutile, alors ils se dirigeaient vers le désert dont les températures se faisaient plus clémentes. Pourtant, cette année, Grïve ne fit pas partie du voyage. Un petit nombre d’entre-deux resta aux cœurs de la forêt, veillant sur leurs deux malades. Seulement cinq dissidents décidèrent de s’éterniser pour soutenir ceux qui ne pouvaient pas faire le long voyage. Seul, un avait survécu et ils perdirent un des chasseurs. Les pertes, c’étaient monnaies courantes pour eux, mais cette fois, elle n’avait ni sa mère, ni son frère, ni son époux pour l’aider à surmonter ces nouvelles épreuves. Grïve était épuisé, elle luttait depuis des semaines pour ceux qui étaient restés et pour sa propre survie, mais tout était finit. L’hiver n’était plus. Son balluchon sur le dos, la dissidente avait entrepris seule ce grand voyage, elle ne limitait pas ses efforts pour retrouver les bras aimant de sa famille. Elle ne voulait plus attendre, plus une seule seconde.
Le passage d'Axaenë était à porter de main, prudente, elle regardait le ciel, cherchant la moindre menace. Une hyper-vigilance qui la fatiguait rapidement, mais elle tenait bon, encore. Après avoir traversé, elle pourrait se reposer, mais pas avant. Mais… Rien ne se passait comme elle le souhaitait. Une de ses salles bêtes lui fonça dessus. Grïve se mit à courir pour se mettre à l’abri, mais dans ces foutues montagnes, aucun endroit ne pouvait la protéger. Épuisée, la dissidente chuta et cette fois, elle fut certaine que c’était sa fin. Toutefois, elle fut sauvée par une femme du clan des montagnes avec une autre salle bête. L’inconnue l’aida à se relever.
- Apparemment, la chose… c’est moi.
Grïve leva un sourcil en regardant le monstre s’éloigner et massa son épaule endoloris par la chute. Puis elle épousseta ses vêtements.
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